L'histoire :
Une planète, un désert, une usine chimique, une étrange secte. Tous les réservoirs de Toxium, une drogue ultra-puissante, ont été déversés dans un seul adepte. L’objectif est de permettre au « Dieu » d’enfanter un messie à travers ce corps gavé, boursouflé et poisseux. Le processus enclenché, la créature régurgite dans la douleur un œuf géant, au milieu de miasmes gluants. Un bébé tout chétif s’en extirpe, devant une quinzaine d’adeptes dépités. Particulièrement haineux, le bébé est néanmoins pourvu de la capacité psychique de faire exploser les cervelles alentours… ce qu’il s’emploie à faire de manière exhaustive. Puis, il est immédiatement adopté par un babouin pèlerin et mutant, de passage. Les restes du carnage sont alors récupérés par des cyborgs arachnides, surgis de terre, à destination des expérimentations d’un savant fou à tête de canard. Ce dernier met au point un nouveau cyborg, Morborg, le plus puissant de tous, d’une agressivité telle qu’il tuera son créateur. Dans ce monde impitoyable, Gunman est chasseur de primes. Il porte un poncho, il dégaine plus vite que les autres et empoche les biftons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eh oui, c’est scénarisé par Gabriel Delmas, donc c’est évidemment très particulier… Œuvrant dans des genres radicalement différents (cf Mr. Pimus…), le scénariste reste le seul maître à bord de ses univers déjantés. Ici, nous suivons plusieurs trames de science-fiction, à mi-chemin entre les univers colorés de Jodorowsky ou de Moebius (qui ne sont pas la moindre des références) et l’ambiance des westerns de Sergio Leone. Malgré ces composantes hétéroclites, le récit découpé en 3 chapitres propose néanmoins une tranche de vie cohérente d’un chasseur de prime. Si au départ les trames sont nombreuses et dissociées, tout finit par s’entrecouper de manière logique. Maître de son destin, Gunman n’est en rien interloqué par la rencontre (par exemple) d’un canard à coupe afro assassiné dans son bain ou d’un babouin au verbe soigné. Inclassable, Delmas distille en outre un humour hallucinant qui ravira les fans d’ixième degré (« Il est armé ? Non, il est en slip : je n’aime pas ça ! »). Si Yacine Elghorri, le dessinateur, est nouveau-venu dans le paysage bédéphile franco-belge, il compte tout de même une certaine expérience, notamment dans les milieux de l’animation et du jeu vidéo, ou auprès de monstres sacrés tels que Moebius (tiens tiens…). Il livre des encrages en noir et blanc de toute beauté, avec un sens des proportions et du cadrage impeccables. Une aventure qui ravira les amateurs de nouvelles expériences (restant abordables)…
