L'histoire :
Deux copines, stripteaseuses de profession, vivent de nos jours en Colombie Britannique (extrême sud ouest du Canada). Shannon, blonde aux cheveux courts a des jambes sublimes ; Girl, brune et pulpeuse, d’origine indienne, a tout misé sur sa poitrine. De villes en coucheries, au grès de leurs prestations sexys, elles trimbalent leurs miches et leurs âmes blessées. Ainsi, Shannon s’entretient-elle régulièrement, par mail interposé, avec Mike, le petit copain de Girl, soldat en Irak. Girl, elle, ne veut même pas lui parler, tellement elle vit difficilement cette mobilisation. Sa révolte intime, ainsi que ses origines ethniques, l’amènent parfois à avoir des débats politiques passionnés… De son côté, Shannon décide de mettre en application un mystérieux dessein, et requiert pour cela la complicité de son amie. Les voilà toutes deux parties à Vancouver, où Shannon s’arrange pour avoir à réparer un pneu devant un jeune homme, un étudiant appelé Aaron. Ce dernier propose logiquement son aide… et le corps de rêve de Shannon fait le reste ! Après avoir « sympathisé », elles sont le soir même toutes deux invitées à la soirée des 5 ans du père d’Aaron, Jay. Shannon pose alors un drôle de regard sur celui-ci, lourd de sens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Curieux récit que celui-ci, qu’on pourrait résumer par : politique, sexe et conflit générationnel à la frontière américano-canadienne. Le duo d’auteurs belges Warnauts et Raives n’en est pas à son premier galop d’essai (Fleurs d’ébène, les suites vénitiennes, Congo 40…). Au départ, les auteurs nous présentent à deux héroïnes sexys, qui mettront quelques rares voyeurs sur la mauvaise voie de l’érotisme. Elles sont certes stripteaseuses, mais l’objectif du one-shot dépasse largement le cadre de la bagatelle. Et pourtant, on peine à distinguer un propos clair… S’agit-il exactement de la quête de soi d’une jeune femme (Shannon), qui découvre son père ? Ou d’une forme de constat social post 11 septembre, amer et un peu indolent ? Feu le père de Girl était pompier dans une tour du World Trade Center, et son petit ami est engagé en Irak… Le récit n’embrasse pourtant jamais franchement la diatribe politique. Réalisé à quatre mains, le dessin est certes soigné et maîtrisé, mais sans rien de sensationnel non plus. Le scénario de Warnauts aligne les séquences, plus ou moins détachées, plus ou moins en rapport… et on referme l’album sans avoir clairement discerné l’intention, au terme d’une lecture sans rythme, avec l’étrange sensation d’être passé pas très loin d’une photographie intéressante de la société nord-américaine.