L'histoire :
Sur un quai d’Anvers, en 1897, un employé de la compagnie de navigation d’Elder Dempster fait sa ronde de jour. Il inspecte notamment le chargement d’un paquebot, en provenance et à destination de l‘Etat Indépendant du Congo. Il s’étonne de trouver des caisses remplies de chaines et fait part de ses interrogations à sa hiérarchie. Pour ne pas révéler l’exploitation forcenée des autochtones sur place à des fins d’enrichissement de la nation Belge, M Stuurtwagen tente de le corrompre… en vain. Parallèlement, sur place, le jeune missionnaire Paul Delisle prend évidemment la mesure de l’horreur. Mais quand il ose en parler à un supérieur, le père Camille qui dirige la mission de Kibanga, plus au nord, celui-ci lui débite tout un sermon sur leur rôle évangélisateur sur ces races inférieures. Paul doit s’incliner et poursuit tant bien que mal sa besogne d’alphabétisation des enfants. Durant un bref tremblement de terre, il fait aussi la connaissance de Lucien-Marie, un autre missionnaire, dont on déconseille la fréquentation. Plutôt sympathique, mais un peu paumé, celui-ci lui avoue ne plus supporter l’hypocrisie du système d’exploitation mis en place ici. Il lui recommande un autre père, le docteur Bougard, que Paul accompagne un jour en visite auprès des malades des villages environnants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce second tome d’Africa Dreams, le couple Charles (Jean-François et Maryse) continue de scénariser, pour le dessinateur Frédéric Bihel, leur histoire tragique du colonialisme et de l’impérialisme belge en Afrique tropicale. Plus encore que sur le premier tome, ce récit de fiction quasi mémoriel se campe cette fois sur deux tableaux. D’une part, en Belgique, des voix s’élèvent pour dénoncer l’esclavage moderne dont pâtissent les congolais à cette époque. Cependant, le roi Léopold, propriétaire du territoire, est dénué de scrupule. En échange d’une pseudo mission de civilisation, les nègres lui construisent une voie ferrée et récoltent le caoutchouc, c’est tout ce qui importe. L’enrichissement de son pays passe facilement devant toute considération « bienveillante » : il se tient loin des mauvais traitements infligés par ses sbires et donc de toute réalité humaine. D’autre part, le jeune missionnaire Paul poursuit son témoignage sur place et assiste, impuissant et révolté, à l’exploitation abusive et hypocrite. La narration s’alterne entre des encadrés issus de divers carnets de route ou autres correspondances, en voix off, et les dialogues. Ainsi, l’horreur du colonialisme est évocatrice. Notamment grâce au joli dessin en couleurs directes de Bihel, qui laisse autant de place aux magnifiques décors, qu’aux personnages. Gros bémol : la couverture, platement tirée d’une case (et pas de la meilleure) souffre ostensiblement de son agrandissement. Curieux choix…