L'histoire :
1897. Lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles, près de 300 congolais sont emmenés dans le parc de Tevuren. Une journaliste vient sur place pour rédiger un article. Elle découvre des femmes, des hommes et des enfants habillés en habits traditionnels, parqués derrière des piquets de bois. Une pancarte indique « Défense de donner à manger aux Noirs. Ils sont nourris par l’organisation. » Elle découvre également un « village civilisé » avec des individus habillés à l’européenne. Elle est sidérée… Liverpool, bureau du West African Mail. Deux hommes discutent et trinquent à la future American Congo Reform Association (ACRA). Pendant ce temps, à l’extrémité du Cap Ferrat, Monsieur Capelle s’entretient avec le Roi Léopold II de Belgique au sujet de l’ACRA, dont font partie des présidents d’université, des hommes d’église, le révérend baptiste noir Williams, l’écrivain Mark Twain. Pour calmer l’ardeur de ce groupe, il demande à Capelle d’organiser un voyage au Congo afin que le révérend Williams puisse se rendre compte par lui-même de la situation sur place…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Procès colonial revient sur l’affaire de la Compagnie du Kasaï. Cette structure s’occupait de la récolte du caoutchouc sur le sol congolais. Outre l’exploitation des ressources, l’exploitation humaine battait son plein. Les Koubas ont subi exactions, famine, torture, meurtre, déportation, au nez et à la barbe de l’humanisme. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est le Roi Leopold II qui était propriétaire du Congo et non pas la Belgique (pays qu’il rétrocèdera plus tard à sa Belgique). Le monarque s’est servi allègrement en puisant dans les ressources du pays africain pour garnir sa fortune personnelle. Heureusement, la American Congo Reform Association menée par des missionnaires écœurés par la situation sur place a mobilisé l’opinion internationale. Maryse et Jean-François Charles abordent un aspect plus politique dans ce Africa Dreams. Avec leur verve et verbe habituels, ils dévoilent les arcanes de cette affaire qui fit grand bruit à l’époque et qui a été depuis exhumée notamment dans l’excellent documentaire Le Roi Blanc, le caoutchouc rouge et la mort noire. Le dessin de Bihel est toujours parfait et transporte littéralement le lecteur dans cette aventure. Il ne montre pas les exactions mais les suggère, ce qui accentue l’effroi. Sans conteste le meilleur Africa Dreams de la série qui finit ici en apothéose. À bientôt pour un nouveau Dream avec les Charles ?