L'histoire :
Alexandrie, an 12 avant JC. Alix Gracchus, sénateur romain, se rend en Égypte avec ses fils Titus et Khephren pour remplir une mission confiée par l’empereur Auguste. Suite aux évènements survenus à Rome (NDLR : les meurtres d’Agrippa et de Lépide lors du précédent tome, Les aigles de sang), il doit retrouver la trace du suspect numéro 1 : le général Quintus Rufus. Ce retour en terre égyptienne est pour Alix l’occasion d’en savoir plus sur les circonstances exactes de la mort de son compagnon d’aventure Enak, père biologique de Khephren. Une opportunité pour venger sa mort ! Sur place, Alix est accueilli par une vieille connaissance, le préfet Barbarus accompagné de Heb, son esclave, et Ptathmose, le maître de la grande bibliothèque. Rapidement, Alix comprend que Barbarus est bien plus préoccupé par les fêtes arrosées de vin que par le désir d’aider Alix dans sa mission. Si bien qu’après une attaque de rapaces (tiens, tiens !) dont est victime Alix, le préfet ventripotent somme le sénateur et ses enfants de rentrer à Rome, car il ne peut plus assurer leur sécurité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est toujours aussi déroutant de passer du Alix, jeune éphèbe adulescent créé par maître Jacques Martin et développé par ses élèves (Simon, Venanzi, Moralès...) à un Alix Senator néo-senior plus mature. Valérie Mangin et Thierry Demarez n’ont effectivement pas cherché à faire un copié-collé et ils ont fait évoluer le personnage. Ils réinventent le mythe en apportant leur pierre à l’édifice. La narration est plus simple sur la forme (même si l’ensemble est truffé de références historiques) mais n’en demeure pas moins puissante dans le fond. D’ailleurs, Valérie Mangin publie une encyclopédie d’Alix sur www.alixsenator.com, complétée au fur et à mesure des aventures du Senator, qui permet de distinguer la réalité historique de la fiction romancée. On apprend ainsi que les pyramides à degré qui jouent ici un rôle-clé existent réellement à Saqqarah (et ne sont pas le seul apanage des civilisations aztèques et incas). Dans Le dernier pharaon, le fil de l’intrigue se dédouble entre l’enquête sur Rufus et la quête de la vérité sur la mort d’Enak, ce qui offre une vraie épaisseur à l’histoire. Le dessin de Demarez a gagné en expressivité, les personnages sont moins figés. Il se pose de plus en plus en pendant de Philippe Delaby, modèle du genre antique avec son monument Murena. Ses décors sont ciselés (il a été décorateur à la Comédie Française) : le phare, le port, la bibliothèque d’Alexandrie ou encore la grande Pyramide, sont autant de lieux parfaitement exécutés, sublimés par des couleurs éblouissantes oscillant dans les nuances de jaune, de rouge et d’ocre… Pour la suite, il faudra patienter. Le tome 3 intitulé La conjuration des rapaces est annoncé pour la rentrée 2014 et permettra de clore un triptyque. En attendant un autre ? C’est une autre histoire…