L'histoire :
Ismaël Méziane revient de son déménagement avec son tonton. Il le remercie pour le coup de main. Il lui annonce également qu'il se lance dans un nouveau projet de BD, en collaboration avec deux chercheuses, pour comprendre comment l'on devient raciste. Mais son oncle n'est pas convaincu. Il l'est par l'intention, par l'idée, mais il craint que ça ne lui rapporte pas d'argent. Les gens ne s'intéressent pas à ce genre de sujet... En rentrant, Ismaël commence à dresser la liste de toutes les remarques et réflexions à caractère raciste qu'il a pu subir, de par sa religion musulmane et ses origines arabes. Et la colère s'empare peu à peu de lui... Le lendemain, il rencontre Evelyne Heyer, professeure en anthropologie génétique, et Carole Reynaud-Paligot, historienne. Ensemble, ils vont essayer de revenir sur les mécanismes qui engendrent le racisme. Il y a trois éléments à prendre en compte : la catégorisation, la hiérarchisation et l'essentialisation. Les jeunes femmes décryptent avec Ismaël ces différents mots de vocabulaire, leur lien étroit avec le racisme, et la mécanique de la haine qu'ils engendrent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ismaël Méziane a vécu personnellement de nombreuses situations en tant que victime du racisme. Et il a constaté que cela engendrait de la haine chez ses détracteurs, mais que cela construisait également sa propre haine et colère. Il visite en 2017 une exposition au musée de l'Homme à Paris, intitulée Nous et les autres. Celle-ci agit comme un électrochoc, et il rencontre peu de temps après les deux commissaires de l'exposition, Evelyne Heyer et Carole Reynaud-Paligot, pour échanger avec elles sur les mécanismes à l'origine du racisme, et pour pouvoir en parler à travers la bande dessinée. Cette bande dessinée documentaire assez brève met en scène les trois auteurs, dans leurs temps d'échanges autour de ces questions. Ce titre entrecroise à la fois des conversations formelles et didactiques, purement factuelles, avec des moments plus intimes et personnels de la propre vie d'Ismaël, qui va confronter ces théories à son quotidien, et prendre la mesure d'un certain nombre de choses. Le trait des illustrations évoque le dessin typique pour la jeunesse, avec des couleurs douces et des traits fins et ronds. En les voyant, on repense facilement à la précédente bande dessinée d'Ismaël Méziane Nas poids plume. En s'associant à des professionnelles sur le sujet du racisme, il nous propose un album documentaire intéressant, synthétique et accessible, malgré la forte portée didactique et le développement de théories sociologiques.