L'histoire :
Au cours d’un voyage en Ecosse, Marie Launceston fait étape à Inverness, capitale des Highlands. Durant son séjour, elle assiste par hasard à l’autopsie de deux anciens compagnons de route retrouvés mystérieusement calcinés sur les rives du Loch. Journalistes et photographes anglais, ils venaient juste de prendre un cliché, immédiatement envoyé pour développement. Pendant ce temps à Londres, le journaliste Ruppert Graves et l’inspecteur Molton, accompagnés de policiers, effectuent une perquisition dans le quartier de Limehouse. Leur découverte est sordide : séquestrés depuis des semaines, des esclaves issus des basses couches londoniennes travaillent au fond d’une cave pour un infâme tisserand. Amassée parmi ces pauvres gens, se trouve Sarah, une jeune femme amnésique. Ses manières distinguées laissent à penser qu’elle est issue de la bonne société…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel bonheur de découvrir le 5e album de cette série honorée de nombreux prix (dont ceux de la découverte à Sierre et du meilleur scénario à Chambéry en 2000). Dans une ambiance on ne peut plus jubilatoire pour les amateurs de polar (Londres à la fin XIXe), cette nouvelle enquête flirte un fois de plus avec le fantastique. Les mécanismes du scénario suivent la même construction que dans les précédents diptyques : beaucoup d’éléments intriguants, voire irrationnels… qui trouveront des réponses cartésiennes dans l’épisode suivant. Roger Seiter (Cœur de sang, Dies Irae...) prend un malin plaisir à faire mariner le lecteur dans ses interrogations. C’est d’autant plus réjouissant que la ligne graphique originale de Cyril Bonin, son compère au dessin, ne faiblit pas. Moderne et anguleux, son trait trouve toute sa force dès qu’il s’agit de représenter les substances éthérées, nuages, fumées, brumes (Fog, en anglais). Avare en couleurs, Bonin délivre des ambiances glauques, ternes, à réserver à un public qui aime à sortir des sentiers battus de la BD.