L'histoire :
Au printemps 1876, dans les Highlands, deux anglais se moquent d’une défaite historique des écossais face à l’armée anglaise… mais dans la diligence qui les emmène à Inverness, trois écossais taciturnes s’agacent de leurs moqueries. L’un d’eux effleure un poignard… et le range quand intervient Marie Launceston, qui tance les anglais pour leur muflerie. Arrivée à Inverness, Marie est confrontée à un double décès étrange. Les deux anglais, arrivés la veille pour prendre des photos sur le Loch Ness, ont été retrouvés calcinés… Dans le même temps, à Londres, l’inspecteur Molton fait part à Rupert Graves d’une énigme intéressante : un exploiteur du quartier de Limhouse avait réduit en esclavage quantité de pauvres gens. Libérés par la police, il s’avère que l’une d’entre elles, appelée Sarah par les autres, amnésique, est dotée d’une culture et d’un savoir-être bien loin des codes de la population miséreuse de Limehouse. Rupert et Marie, qui ne s’étaient pas revus depuis 6 mois, décident de s’occuper de la jeune femme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le deuxième et dernier tome de cette intégrale réunit les 8 albums de la série ésotérico-policière de Cyril Bonin et Roger Seiter. Ici, deux enquêtes, l’une autour de « vols de mémoire » et de l’Ecosse, l’autre autour de la pègre londonienne et de fouilles archéologiques en Egypte. Les deux héros sont toujours aussi intéressants, et notamment l’héroïne, libre et assumée, Marie Launceston. Au passage, on ne peut pas s’empêcher, lorsqu’on réfléchit à ce personnage et à cet univers, de songer à la belle Eva Green dans Penny Dreadful dont les ambiances font quelquefois penser au travail de Cyril Bonin… Les scénarios sont complexes, quelquefois presque trop, mais bien menés et intrigants. Roger Seiter balade le lecteur, l’emmène sur des fausses pistes, mais ne le lâche jamais. Le travail est magnifiquement documenté et le scénario sans lenteur. Les dialogues sont bien construits et les récitatifs parfaitement liés à la trame narrative et aux dessins. Le travail graphique mené par Bonin est très intéressant. Son dessin moderne, anguleux, lié à des couleurs froides et légères, donne une patine inquiétante à l’ensemble, une ambiance fantastique (ce serait intéressant de le voir adapter Poe ou Maupassant…). Enfin, à l’heure où les intégrales foisonnent, agglomérats sans saveur particulière d’albums souvent bons, il faut noter aussi le magnifique travail d’accompagnement de Fog, avec une vingtaine de pages préliminaires où les auteurs expliquent leurs choix artistiques, donnent des informations sur leurs travaux de recherches, avec des esquisses, des nouveaux cadrages, etc. Cela fait de cette intégrale un magnifique objet.