L'histoire :
Une journée comme une autre, à la sortie des bureaux dans le métro. L’occasion rêvée pour un pickpocket adroit de faire et se remplir les poches. Cependant, ce jour-là, le voleur est tombé sur un os : le jeune David. Fils de berger, pas plus haut que trois pommes, le jeune homme est cependant féroce ! En ce quartier de la « Grosse Pomme » – rebaptisé la « Paix » depuis que les douze clans l’administrent – David fait aussi la chasse aux mauvais garçons détroussant la demoiselle en détresse. Un jour peut-être le « roi » Saül le remarquera et alors viendra son heure. En attendant, un baiser pour la gloire… Saül, le parrain des parrains, souffre lui, « en attendant », d’effroyables migraines que la médecine échoue à soulager. Il est acculée à croire le dicton selon lequel la musique adoucit les meurs ! Un soir au sortir d’un concert, chez son paternel, David fait la rencontre de Samuel, l’oreille de Saül. Dans son oreille justement, Samuel a annoncé à David des merveilles. La seule chose qu’il lui reste à faire est de jouer un air au parrain. Introduit par Samuel, David n’aura rien à craindre… Si ce n’est de se faire étriper par Saül s’il ne parvenait pas à soulager ses maux de tête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qui aime bien, châtie bien. Parce que cette transposition de la légende de David (débutée contre Goliath) présente bien des qualités, il ne faut pas pour autant tout lui passer et tomber dans le complaisant. Remémorez-vous d’abord le film Roméo + Juliette réalisé par Baz Luhrmann, où les héros évoluaient en un contemporain urbain ultra violent mais parlaient à la lettre la langue de Shakespeare. Le résultat détonnait : tel est King David. Sauf qu’au fil des pages, quelques ratés affectent la partition. S’inspirant donc très fidèlement – excessivement ? – du texte biblique, la narration se permet cependant certaines libertés qui dépareillent. La CIA évoquée, la vraie fausse confession du fils prodigue à une police fantôme – dont on se demande quel pouvoir elle peut bien avoir en un univers où celui du pire est si omnipotent… – des personnages qui passent plus qu’ils ne marquent (comme celui presque transparent de Jonathan dont l’introduction laissait espérer tant pour disparaître comme lettre morte), etc. Alors que l’ensemble montre une qualité indéniable, un caractère « sur-trempé » qui fait que le lecteur ne le lâche pas un instant, on ne peut néanmoins s’empêcher de tiquer et regretter ses « impairs ». Le lecteur amateur du mythe le sera sûrement (mais qui ne l’est pas ?). En outre, lorsque l’on a sous la main un dessin si puissant que celui de Guillaume Singelin, on peut penser qu’Antoine Ozanam aurait pu s’épargner certaines répliques (comme sur la planche de David apprenant la mort de Saül). Reste que l’ingéniosité de la transposition est évidente notamment au regard de la réaffectation des lieux (comme la vallée "défouloir" d’Elah). Et si l’on en vient à évoquer ce qui plaît, alors le trait nerveux, toujours mouvant, vibrant, bref vivant (!) de Singelin s’impose. L’album est rageur, décapant, cinglant… mais peut-être pas autant qu’il aurait pu. Chacun se fera son avis car tous iront y jeter un œil. Sûr, beaucoup y prendront leur pied !