L'histoire :
A l’auberge du bout du monde, perdue sur une côte oubliée au fin fond de la Bretagne, un aubergiste malade poursuit son fantastique récit à l’intention d’un écrivain exilé en recherche d’inspiration. Il revient ainsi sur le mal étrange qui s’est emparé de la population, il y a une génération à peine. A l’époque, hommes et femmes disparaissent quelques heures ou quelques jours, pour réapparaître blêmes, la peau putréfiée, les yeux hagards, comme vidés de leur âme. Tous en sont persuadés, mais d’aucun n’osent l’évoquer à haute voix : ce mal est intimement lié aux activités de la conserverie locale appartenant à un mystérieux industriel. Ce de Baronie s’est même mis à embaucher des bagnards pour couvrir les besoins de main d’œuvre de son entreprise en pleine expansion. Pourtant, ce climat détestable semble épargner l’auberge du bout du monde, où le temps s’écoule paisiblement pour Yann, le jeune Merwin, l’aubergiste et sa fille Iréna. Comme si tous 4 étaient protégés par le lien que cette dernière entretient avec les forces obscures. Jusqu’à une nuit terrible, où les créatures des ténèbres sortent de la lagune pour voler un maximum d’âmes. Malgré la vaillance de Yann et les pouvoirs d’Iréna, cette fois l’auberge est également attaquée. Yann perd un pied dans ce combat épouvantable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis 2 tomes, Tiburce Oger faisait traîner le récit en longueur par la voix de l’aubergiste, pour mieux jouer avec l’atmosphère lugubre, objet premier de son récit d’épouvante. Ici, le registre est celui de la Bretagne mystique, de la sorcellerie et des créatures démoniaques, avec au premier chef le monstre lacustre couvert d’algues nauséabondes. Au terme de la trilogie, il était logiquement temps de tirer les choses au clair. Cependant, le dénouement final réservé par le scénariste ne convainc guère. Autant les deux premiers volumes installait habilement le mystère, autant ces ultimes évènements demeurent parfois (a priori volontairement) confus, comme pour mieux en masquer les limites. Après une bataille nocturne discutable (dont les épisodes clés ne sont même pas illustrés…) les héros vont apprendre le fin mot de l’histoire en allant dénicher le responsable suspecté depuis le début (pas trop tôt !). Heureusement, malgré une légère baisse de qualité, le travail graphique de Patrick Prugne demeure largement au-dessus de la production actuelle. Son dessin en couleurs directes est de toute beauté, notamment lors des plans larges et des séquences d’épouvante. Un format d’édition de plus grande taille aurait sans doute été plus approprié…