L'histoire :
De nos jours, dans une cité orientale rurale, le jeune Saïd préfère suivre du regard les fourmis qui remontent les caniveaux, plutôt que d’aller à l’école. Mais un jour, un gros monsieur barbu se présente à lui : il s’appelle Hadj, il est son grand-père. Il emmène Saïd à l’extérieur des murailles de la ville, jusqu’à un lointain troupeau de chèvres, isolé dans la steppe désertique. Avec l’accord de sa mère, Saïd sera désormais berger. Il sera ravitaillé une fois par semaine par son oncle Kahil. Hadj le laisse là, seul, puis s’en retourne à ses pèlerinages. Le gamin se demande un peu ce qu’il lui arrive. Le coin est désertique ; la compagnie des chèvres est d’une tristesse infinie ; il n’y a plus une seule colonne de fourmis en vue ; et la nuit, dotée d’un noir profond, est terrorisante. Heureusement, il a la surprise de constater que la doyenne des biquettes, la vieille Zakia, parle le langage humain ! Philosophe, elle l’aide à surmonter la peur. Ponctués par leurs considérations existentielles, les premiers jours du nouveau métier de Saïd sont ainsi bien moins ternes. Deux jours plus tard, comme promis, l’oncle Kahil débarque en mobylette, avec une caisse pleine de victuailles sur son porte-bagages…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce conte oriental en one-shot composé pour un lectorat jeunesse, Frank le Gall et Michel Plessix se livrent à un exercice digne des Mille et une nuits. D’emblée, on s’immerge facilement et immédiatement dans les cases de Plessix, tant son dessin bienveillant et rondouillet est avenant, très classique cela dit au regard de ses œuvres précédentes (Le vent dans les saules / dans les sables). Le petit Saïd et sa biquette forment dès lors un duo de personnages attachants mais… bavards. Outrageusement bavards. Et le conte se déroule ainsi trèèèès lentement, sur 62 planches nourries par des dialogues certes tournés selon un axe littéraire évident, mais superfétatoires et surabondants. Le tout est alourdi par un manque de rythme narratif criant. La richesse des décors et le caricatural des protagonistes a beau toujours à tout moment agréable à l’œil, on en oublie par moment le sens de l’histoire, on peine à distinguer la finalité aventureuse et l’objectif moral. Ce dernier pourrait se résumer à : hé les enfants, n’hésitez pas à suivre votre voie (les fourmis), plutôt que celle que vous imposent vos parents. Tout ça pour ça. Le même conte aurait fort bien pu tenir en moitié moins de planches, tout en gagnant en sens et en efficacité.