L'histoire :
Gris, gros et philosophe, le chat en costard de Philippe Geluck nous assène une nouvelle et ventripotente palanquée d’aphorismes et de maximes, tantôt absurdes, tantôt métaphysiques, tantôt subtiles, tantôt crétines. Extraits :
Le mille-pattes a 500 fois plus de chance que nous de marcher dans une merde de fourmi – je veux bien sûr dire que nous dans une crotte de chien.
Si les seins, ce sont les glandes mammaires, je ne vois pas pourquoi les couilles ne s’appelleraient pas les glandes mompères.
Au moment où il va mourir, l’aveugle entend défiler toute sa vie.
Si au lieu d’égorger un mouton pour célébrer l’Aïd El-Kébir, les musulmans écrabouillaient chacun quelques moustiques, ça ferait autrement plaisir à tout le monde.
Ce serait pourtant plus logique pour tout le monde que ce soient les éboueurs, les légistes et les égoutiers qui aient mauvaise haleine. Eh bien, pas forcément.
Personne ne peut être tout à fait certain que nous ne mangeons pas parfois des huîtres évanouies. Pour elles, c’est mieux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A chaque album du Chat, c’est la même chose. A partir d’un dessin basique et ultra lisible, on s’attend aux traditionnelles pelletées d’aphorismes pertinents, drôles, ou crétins… et ça ne manque pas. On se dit qu’à force, Philippe Geluck doit finir par avoir fait le tour… Et néanmoins, à la lecture, on se convainc que ce dernier opus est peut-être le meilleur. C’est magique. La variété des sujets y est sans doute pour beaucoup. Geluck s’inspire d’un rien (ou d’un tout) et montre une propension jouissive et idéale dans sa prise de recul. Et évidemment, son immense talent découle d’un sens de la formule et de la répartie, qui lui valent d’être un bon client des plateaux télés et radios. Entre deux détournements bidonnants de gravures anciennes, son chat joue tantôt au Raymond Devos, tantôt au Sacha Guitry, tantôt au Philippe Geluck. Il s’empare sans scrupule des thématiques sociales sulfureuses et des sujets d’actualité (le mariage gay, les fous d’Allah…) sans en faire de trop, avec la finalité évidente de s’en amuser plutôt que de les dénoncer. A moins que l’un revienne à l’autre. Certaines mauvaises langues (râpeuses) reprocheront le prix élevé de cet album-coffret, contenant deux livrets au format paysage (comme la précédente Bible du chat). Or il se trouve que ce parti-pris est adapté au format du strip en 3 cases, souvent emprunté. Et à hauteur de deux fois 96 pages, le ratio gags/poids est largement rentable. Autre originalité digne d’un Geluck sacripant : il fiche le bazar dans les folios (la numérotation des pages) avec des jeux de mots honteux, ce qui n’est pas le moindre atout de ce double album…