L'histoire :
Manouche un peu déjanté, Angelo refuse que sa chère maman, affectueusement baptisée « la vieille », finisse ses jours au sein d’un service de cancérologie. Faisant fi des recommandations médicales, il l’embarque de force pour une folle balade, direction la baie de Somme. Sur la route, pour fêter cette « liberté », ils boivent et fument un peu trop… et finissent par renverser un cyclomoteur. Au guidon, Mélodie, une jeune femme séduisante bien qu’unijambiste et dépressive, s’en tire avec quelques égratignures. Elle embarque alors à leur côté dans des aventures un peu dingues. Peu à peu, tandis qu’Angelo fond sous le charme de la jeune femme, cette dernière reprend goût à la vie. Mais en voulant acheter un remède pour palier à une crise de la vieille, Mélodie agresse une pharmacienne de campagne et se retrouve dans le panier à salades. Au commissariat, elle fait alors connaissance avec la meurtrière du « boucher de l’Oise ». Profitant d’un moment d’inattention, elle s’évade et rejoint ses deux compères, pour une sortie mouvementée en pleine mer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second tome clôt en un diptyque fort réjouissant, une aventure bien déjantée. Sur le même ton, Cazaux et Soufflard poursuivent la cavalcade effrénée de ce trio de cas sociaux à travers les paysages ruraux de la baie de Somme. Leur objectif est on ne peut plus noble : faire revivre pour ses derniers jours, une vieille femme atteinte d’un cancer. S’appuyant sur un trait moderne et sur une ligne graphique parfaitement maîtrisée, le dessin de Thierry Soufflard semble avoir encore progressé depuis le premier tome. Pour la colorisation, il n’utilise quasiment que deux couleurs, le bleu et le orange, donnant une impression de constante bichromie. A l’image du titre, les dialogues de Gilles Cazaux semblent co-écrits par Michel Audiard et la famille Groseille de La vie est un long fleuve tranquille : « Y tient pas l’cap quand y’a brafogne dans l’tourmentin ! » … « Mets les gaz ! un p’tit décalaminage de culasses, ça vous r’met en ligne ! ». Pour sûr, ces aventures brinquebalantes et originales, vécues à la sauce tzigane, font penser aux films d’Emir Kusturica. Mais ce road-movie à la française est avant tout une aventure humaine. Ces quelques « bêtises » d’adultes nous extirpent d’un quotidien bien morne et inévitablement, à nous aussi, « le soleil nous réchauffe la moelle ».