L'histoire :
La terrible catastrophe qui a ravagé Marseille ne serait pas due à une météorite, comme le laissent entendre les autorités. L'armée a évacué une bonne partie de la ville. Redouane, le capitaine de police, profite de sa bonne connaissance du quartier et parvient à passer un barrage avec Sandra, sa légiste. Tous deux cherchent à découvrir comment Mademoiselle Guidoli a pu mourir d'une balle dans la tête pendant la catastrophe. Redouane et Sandra tombent bien mal, car c'est le moment choisi par les militaires pour tirer sur ce qui n'est pas une météorite, mais une créature gigantesque. Cela provoque une nouvelle secousse dont les effets se font ressentir dans toute la ville. Les mouvements de foule se multiplient. Certains bâtiments voient leurs fondations tellement fragilisées qu'ils finissent par s'écrouler. De son côté, Marinette, la mamie blogueuse, retransmet les images sur le net depuis son balcon, des images diffusées par toutes les chaînes de télévision. Antoine, l'employé des pompes funèbres, décide quant à lui de se rendre au stade Vélodrome afin d'emmener Sacha, le petit orphelin, chez lui, dans la montagne, auprès de sa femme et d'autres enfants qu'ils ont recueillis. Alors qu'ils sortent tous les deux du complexe sportif, les militaires font barrage. Ils ont reçu pour consigne de ne laisser sortir personne...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En choisissant comme titre Leviathan à leur première collaboration scénaristique (Bob Morane Renaissance date d'avant), les scénaristes Aurélien Ducoudray et Luc Brunschwig nous laissaient dans l'attente d'un monstre marin à plusieurs têtes (comme dans la Bible). Cela aurait été bien mal connaître les deux auteurs ou leurs bibliographies. Ils ont en effet tous deux une formidable propension à magnifier les thématiques sociales et/ou politiques en les couplant à des registres de genres variés : thriller, horreur, polar ou chronique contemporaine. Dans le premier album, nous faisions des personnages et du cadre de Marseille. Le casting se compose de profils psychologiques très différents, du capitaine de police fils d'immigré, au député frontiste. Cet éclectisme permet d'amener différentes intrigues s'emboîtant progressivement et révélant les zones d'ombre de l'histoire. La narration est soignée et les enchaînements entre les scènes bien pensées. Le récit bénéficie d'un rythme montant crescendo, entre la découverte de vérités et la croissance de l'horreur de certaines situations. Leviathan penche parfois vers un registre, puis vers un autre... mais ne tombe jamais dans la facilité. Ainsi, malgré les quelques mystères levés autour de l'origine de la catastrophe, nous ne voyons finalement que bien de choses. Les auteurs appliquent la devise « moins on en voit, plus ça intrigue ou ça effraie » (façon Projet blair Witch ou Cloverfield). Le titre bénéficie d'un découpage très efficace, qui a trouvé dans les dessins de Florent Bossard un parfait terrain d'expression. Son trait restitue à merveille les différentes ambiances liées au récit et s'épanouit merveilleusement dans les séquences obscures. Par moments, il n'est pas si éloigné de certains artistes américains comme Sean Phillips. Plutôt que de produire des séries peu inspirées comme Marseille, la chaîne Netflix devrait plutôt se pencher sur la cité phocéenne pour offrir à ses abonnés une version live de Leviathan. Cela aurait autrement plus de gueule qu'un sitcom comme Plus belle la vie...