L'histoire :
Le départ de Marie, tenancière du « magasin général », handicape lourdement les habitants de la petite paroisse de Notre Dame des Lacs. Les stocks s’épuisent rapidement et lorsque Serge a Marie au téléphone, il apprend qu'elle n'est pas prête de revenir. Il propose alors de se rendre en ville pour acheter tout ce dont les villageois ont besoin. Le restaurateur en apprend de belles, lorsque ceux-ci lui avouent ne pas avoir d'argent. Par le passé, Marie avait obtenu des délais vis à vis des fournisseurs… mais la situation est aujourd’hui différente, car ces derniers ne connaissent aucunement Serge. La tension jusqu'ici palpable, explose et les querelles ressortent entre les villageois. En parfait médiateur, le restaurateur déclare que ses quelques économies serviront à acheter le strict nécessaire. Là encore, la malchance lui joue des tours, puisque le seul pont menant à la ville s'est effondré. Pendant ce temps, Marie s’adapte réellement bien à la grande ville et ne cesse d’être courtisée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'instar du printemps, qui succède chaque année à l'hiver, le tandem Régis Loisel et Jean-Louis Tripp propose avec Magasin général une ballade dans le Québec rural des années 1920. Depuis maintenant six volets, les deux auteurs narrent, avec le talent dont ils ont toujours fait preuve, le destin de personnages attachants. Le déroulement de leur scénario se fait de façon assez subtile, sur une lenteur qui n'a jusqu'à présent jamais été vraiment gênante. Pourtant, avec ce dernier opus, les auteurs montrent une redondance dans la première partie, avec des villageois un peu perdus que précédemment, suite au départ de Marie. Le rythme encore plus lent qu'à l'accoutumée pourrait finir par lasser certains lecteurs. La présence des frères Latulippe est ici anecdotique. Ils n'apportent pas grand-chose au récit et servent juste surtout à faire patienter le lecteur jusqu'au dernier tiers de l'album, qui annonce une suite plus intéressante… Les dialogues « arrangés » par le canadien Jimmy Beaulieu ajoutent le cachet folklorique idoine à cette chronique au long cours, qui demeure touchante et émouvante. Comme à chaque tome, l’ensemble est magistralement illustré par le talent conjugué de Jean-Louis Tripp basé sur la mise en scène de Régis Loisel. Magasin général est toujours une série très réussie, qui semble juste avoir perdu un chouïa de la fraîcheur des débuts. A l'instar de Serge, restons optimiste !