L'histoire :
Ben vit en Tchécoslovaquie avec sa famille adoptive depuis l’âge de six ans. Il ne s’est jamais vraiment senti proche de ses parents, ni à sa place parmi eux. Depuis toujours, d’horribles cauchemars hantent ses nuits. À 18 ans, il part en quête de ses origines. Accompagné de Roland, son tuteur et ami proche, il se rend dans un petit village niché dans les montagnes allemandes, espérant y trouver un indice sur le lieu où vivait sa famille avant son adoption, voire retrouver son géniteur, dont il garde quelques souvenirs flous. C’est en rencontrant Adrian, un garçon au passé trouble qui vit avec sa grand-mère, que son enquête prend un tournant décisif. Si leur relation commence difficilement, ils finissent par unir leurs forces pour affronter leurs démons. Leur première piste surgit lors d’une exposition de peinture d’un artiste local aux œuvres intrigantes : parmi les tableaux, Ben découvre le portrait de sa sœur aînée, qu’il n’a pas revue depuis l’enfance. En suivant cette trace, les deux garçons vont exhumer des secrets oubliés depuis longtemps…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette œuvre hybride, à mi-chemin entre le manga et le webtoon à la française, l’autrice propose une revisite singulière du mythe du vampire à travers la quête identitaire de Ben. Marqué par son adoption, il se débat avec un profond sentiment d’abandon et une nature qui lui échappe encore. Le récit séduit par son atmosphère sombre et une fascination morbide qui pousse irrésistiblement à tourner les pages. Il souffre néanmoins d’une narration confuse. Les transitions manquent souvent de fluidité, notamment dans l’alternance entre le monde réel et les visions oniriques des personnages, qui surgissent sans avertissement. Ces ruptures abruptes brouillent parfois la compréhension et affaiblissent l’impact du récit. L’histoire aurait également gagné à mieux exploiter certaines de ses dynamiques. La relation amoureuse entre Ben et Roland, par exemple, reste trop en retrait et n’apporte finalement pas le poids émotionnel qu’on aurait pu attendre. De même, Adrian, présenté comme un guide, semble n’être qu’un enchaînement de sous-entendus sans réelle incidence sur l’intrigue. Graphiquement, le talent de l’autrice est indéniable. L’ambiance glauque et les passages très graphiques sont saisissants. Mais le style, trop changeant d’une case à l’autre, nuit à la cohérence visuelle. Ces variations, illustrant le contraste entre horreur et moments enfantins, finissent par briser le rythme du récit.