L'histoire :
Deux étudiantes en Science Po aperçoivent l’un de leur éminent professeur à la terrasse d’un café, en compagnie d’une célèbre animatrice TV. En effet, Sven Allen accepte de participer à un diner mondain organisé par la jeune femme et lui parle de son grand fils, Yoni. Il ignore qu’au même moment, Yoni participe à une mission à haut risque sur l’île de Malte, pour le compte du Mossad (les services secrets israéliens). L’opération est un désastre : elle se termine par une explosion et une fusillade. Blessé et seul rescapé, Yoni est fait prisonnier par les hommes du colonel Hadas, une jeune femme à poigne qui favorise le trafic d’arme entre les syriens et ses frères palestiniens. Elle l’embarque à bord d’une frégate et file vers le nord du Liban. Toujours au même moment, Monsieur Durand, conseiller diplomatique à l’Elysée pour les affaires du proche-orient, quitte le palais présidentiel. A l’arrière de sa berline, il évoque avec sa secrétaire la rencontre secrète qui doit avoir lieu entre son président et le président syrien. Puis il se rend à un rendez-vous galant, avec une jeune femme sexy prénommée Amina. Il ignore qu’il est espionné et filmé par des hommes du Mossad, eux-mêmes sur le point d’être éliminés par un commando de 4 arabes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mossad opérations spéciales inaugure la nouvelle collection Jungle thriller à partir d’une équation idoine : action et espionnage dans les coulisses des services secrets israéliens, réputés pour être les plus verrouillés du monde. Cette bonne intention transmise, cet épisode pilote laisse transparaître les forces et les faiblesses de tout scénario signé Jean-Claude Bartoll. C'est-à-dire, d’une part, une grande technicité sur le sujet : Bartoll a été grand reporter et la géopolitique et ses rouages sont évidemment son dada. Ainsi, à travers le terreau complexe et apparemment insoluble du conflit israélo-palestinien, les évènements mis en place par le scénariste ont beau être fictifs, on veut bien croire qu’ils ne sont guère éloignés d’une certaine authenticité. En revanche, les dialogues sont extrêmement lourds (de longues phrases, trop détaillées…) et le rythme est besogneux. En fait, on se heurte à une dichotomie entre le fond et la forme : l’imbrication des évènements adopte des partis-pris narratifs forcés, artificiels. Par exemple, bien que nécessaire pour donner de la tension au récit, l’intervention musclée des agents du Mossad à l’appartement de Sven sonne faux. Sa méconnaissance des activités de sa famille est également hénaurme… Bref, la lecture n’est pas des plus fluides et elle oblige des allers-retours pour bien piger qui fait quoi et qui roule pour qui. Le dessin de Pierpaolo Rovero a sa part de responsabilité, malgré une partition réaliste appliquée et besogneuse. Sans doute la multiplicité des angles pour décrire les séquences part-elle d’une bonne intention, mais l’enchainement des positions des protagonistes n’est pas toujours très naturel et contribue à insuffler un sentiment de « cabotinage des acteurs » (l’accident de bus, le flirt du conseiller…). Bref, pas mal de petits défauts à gommer pour parvenir à une bonne série d’espionnage, car néanmoins dotée d’un fort potentiel…
