L'histoire :
Agent infiltré du Mossad (services secrets israéliens), le jeune Yoni a été capturé à Malte par les syriens. A leur tête, la vipérine colonel Hadas l’a conduit dans la citadelle d’Homs afin qu’il y soit torturé pour recueillir de précieux renseignements. Puis elle contacte à Paris le père de Yoni, Sven Allen, pour lui expliquer la situation et exercer un chantage servant les intérêts syriens. Elle ignore alors que lui aussi est un agent dormant du Mossad, et qu’il va effectivement reprendre du service, mais pour sauver son fils. L’entrevue entre Hadas et Allen tourne court, car une altercation entre agents de Hezbollah et du Mossad aboutit à une tuerie de passagers du RER. La mission de Sven passe ensuite par l’élimination d’un conseiller présidentiel français, Ange Durand, pour faire capoter une importante vente d’armes vers la Syrie. La Syrie tente en effet d’acquérir une protection anti-missile russe, par l’intermédiaire de la France, et marche sur des œufs, diplomatiquement parlant. D’autant plus que la situation politique est alors très tendue à Damas, car la capitale connaît une forte vague de contestation intérieure, que le président syrien réprime dans la violence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Habilement, dans ce tome 2, Jean-Claude Bartoll raccroche le contexte de sa série d’espionnage avec les évènements actuels en Syrie (ce tome 2 est publié en janvier 2012) : les manifestations populaires et la répression sanglante. Cela n’était évidemment pas prévu et s’inscrit logiquement en marge de l’intrigue originale. Pour le reste, on retrouve invariablement les mêmes atouts et défauts des scénarios signés Jean-Claude Bartoll. Côté qualités, on retient l’authenticité dans les rapports diplomatiques : toujours présentés sous les atours les plus démocratiques et populaires possibles, ils sont, dans les faits, dictés par une real-politik déshumanisée. Bartoll a été grand reporter et n’a sans doute pas besoin de beaucoup d’inspiration pour soigner cet aspect. Côté carences, il y a toujours cette lourdeur narrative qui demande une concentration maximale pour un plaisir de lecture moindre. Les dialogues, notamment, sont totalement improbables en raison de leurs longueurs, de leur propension à tout expliquer et réexpliquer par le menu, afin que tout soit bien clair pour le lecteur. Et heureusement, parce qu’avec une trame géopolitique pareille, on aurait tôt fait de se mélanger les pinceaux entre agents français, syriens, libanais et israéliens. D’autant plus que le dessin de Pierpaolo Rovero, d’un réalisme certes appliqué mais statique, ne se démarque pas pour son dynamisme et sa fluidité. Or, espionnage ou pas, l’art séquentiel est justement magnifique lorsque la narration graphique et le rythme du scénario permettent de s’affranchir de ce genre d’itérations et de pesanteurs. Les fans du registre apprécieront tout de même cette série pour le réalisme de son contexte…