L'histoire :
En 1828, au lycée Charlemagne à Paris, le jeune Maquet fait l’important avec une pipe, sous les reproches de son ami Théo. Les deux amis se font agresser par des camarades mais ils sont secourus par Gérard Labrunie qui met les importuns en fuite. Gérard se fait sermonner par le prof de latin, Burnouf. Mais dans l’intimité, il demande au jeune homme de lui dédicacer un exemplaire du Faust de Goethe, dont le futur Gérard de Nerval est l’auteur. Il ne parle pourtant que très mal l’allemand, mais a signé une adaptation remarquable en compilant et améliorant celles qui lui préexistaient. Rassuré, il sort et va boire un verre avec ses amis, Théophile… Gautier et Auguste Maquet. Après s’être changés, les jeunes gens sortent faire la fête et séduisent les filles. Mais Gérard, alors qu’il est d’un naturel entreprenant et fonceur, semble mal à l’aise avec les femmes. Il repart seul et laisse son esprit divaguer. Une habitude…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On avait quitté David Vandermeulen et Daniel Casanave chez le Lombard, après deux beaux albums au format à l’italienne pour une série (Romantica) sur les grandes figures du romantisme européen, avec Chamisso et Shelley. Le troisième était dans les têtes, Nerval, et même si la série s’est arrêtée, les complices n’ont pas abandonné ce beau sujet. Chez Casterman, les voilà qui peignent ce poète, probablement une des meilleures incarnations du romantisme, auquel le succès trop précoce a peut-être un peu coupé les ailes. Comme pour Shelley et Chamisso, le récit mélange la biographie et les éléments de fiction tirés des écrits du poète. Une nouvelle fois, Vandermeulen fait un travail tout en finesse et met parfaitement en scène son héros. On ne sait jamais vraiment où est la réalité historique et où est l’autofiction… C’est que la narration est fluide est efficace. Le rythme est soutenu et la vie de Gérard Nerval se déroule sous les yeux du lecteur fasciné par ce grand poète qui n’arrive pas à trouver sa place, à s’affirmer… Traducteur, journaliste, dramaturge, poète, romancier, il ne sait où se situer, et avec les femmes il semble dépassé, à la recherche de la femme parfaite et intouchable. Le trait de Casanave, naïf et rond, donne une nouvelle fois une grande vivacité à l’histoire, avec une ligne claire et des couleurs chamarrées. Au final, ce gentil pavé se lit comme un rien, et on suit avec une grande mélancolie l’auteur d’Aurélia, ou de ce Desdichado triste et tourmenté : « Je suis le Ténébreux – le Veuf – l’Inconsolé »… un si sympathique inconsolé… Cerise sur le gâteau, Vandermeulen gratifie le lecteur chanceux d’un cahier sur la vie du poète, agrémenté de photos. Un vrai moment de culture.