L'histoire :
1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans les Ardennes belges. En toute hâte, André Marchandise file en vélo jusqu'à sa maison familiale. Il est accueilli par le docteur qui lui confirme que sa mère se meurt. Ce n'est plus qu'une question de jours, voire d'heures. Son frère René, que la guerre a laissé manchot et borgne, se trouve déjà à son chevet. Consciente mais épuisée, la mère émet une dernière volonté : voir ses trois fils réunis avant de mourir. Pour André, le plus impulsif et radical des frangins, cela est mission impossible : son frère Charles est mort. Peut-être pas physiquement – quoiqu'ils n'aient plus de nouvelles depuis des années – mais c'est tout comme, vu son engagement durant la guerre dans la division Charlemagne, au côté des nazis. André a donc chassé le traître Charles de son coeur et il refuse d'autant plus en bloc de devoir lui consacrer des recherches, que lui-même revendique des idées prolétariennes et communistes. Il est pourtant le plus valide des deux frères, à même de satisfaire à la dernière volonté de sa mère. Il débute donc des investigations pénibles, au sein des réseaux résistants ou auprès de ses anciens compagnons d'arme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les récits historiques, globalement très prisés actuellement au sein du 9ème art, les remous sociaux et familiaux au lendemain de l'occupation allemande et de l'immonde régime nazi ont le vent en poupe. Signe des temps ? Devoir de Mémoire envers de larges générations qui n'ont pas connu la guerre ? Toujours est-il qu'en ce mois de mars 2013, le diptyque ODESSA de Casterman cerne à peu près le même sujet et dans les mêmes zones géographiques qu'Après-guerre (au Lombard, collection Signé). Ici, un communiste belge se met en quête de son frère honni, car ce dernier a combattu aux côtés de l'ennemi nazi. Sous la houlette du scénariste Michel Dufranne, ses investigations l'amènent à focaliser en flashbacks, au gré des témoignages recueillis, sur différents épisodes de la guerre dans les deux camps. André apprend de Charles : ses débuts dans l'armée alliée, ses tergiversations après l'armistice, son acte d'engagement dans la division Charlemagne, ses actes de bravoure sur le terrain... et son enquête verra son dénouement dans le second volet du diptyque, paru conjointement, dans lequel le titre prend tout son sens. Le dessin est confié au serbe Srdjan Nikolic Peka, dont c'est ici la première incursion dans le 9ème art franco-belge. Son trait est impeccablement proportionné et décoré, mais ses personnages montrent tous un peu les mêmes faciès aux traits tirés, et donc difficiles parfois à distinguer, surtout lorsque les monochromes inhérents aux flashbacks ne permettent pas d'en préciser les teintes de cheveux.