parution 24 mars 2021  éditeur Casterman  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

Partir un jour

Manu fait une crise de la quarantaine. Il veut quitter son job, retrouver la passion amoureuse et écrire un roman. Mais en est-il capable ? Fera-t-il ce redoutable saut dans l’inconnu ? Une introspection amusante et sincère, façon Woody Allen.


Partir un jour, bd chez Casterman de Boisteau
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Casterman édition 2021

L'histoire :

Manu fait souvent ce même rêve : il s’évade d’une sorte de parc animalier, en compagnie de tous ses autres « moi ». Hélas, au réveil, sa femme lui rappelle qu’elle est toujours là et qu’il est l’heure d’aller bosser. Manu n’en peut plus de son boulot. Il a l’impression d’y avoir perdu 15 de ses meilleures années de vie. Il a envie de muer, de tout plaquer, notamment pour se remettre à écrire son roman, un projet qu’il nourrit de longue date… sans avancer. Et pour cause, dès que Manu se crée du temps libre, il le passe à procrastiner devant des conneries à la télé, ou en regardant le monde passer depuis un banc public. Manu s’ouvre de son mal-être existentiel à son psy, qui le laisse beaucoup parler et lui soutire 75 euros à la fin de chaque séance. Sur ce front-là aussi, Manu a l’impression de stagner. Il sent aussi que sa vie de couple est en berne. Il n’y a plus d’amour, juste de la cohabitation réciproquement agacée. Bref, Manu nous fait une crise de la quarantaine. Il voit les années passer, ses capacités s’amoindrir et il a la sensation d’être passé à côté de sa vie. Il décide d’aller consulter un hypnothérapeute. Ce dernier lui contre-indique la psychanalyse à haute dose et lui propose plutôt de se projeter dans ce que serait le succès de sa vie idéale…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Quand bien même la musiquette a dû trotter dans la tête du quinquagénaire Manu Boisteau, Partir un jour n’a rien à voir avec le tube du boys band 2Be3. S’il est bien question de partir, c’est avant tout un voyage intérieur auquel s’est authentiquement livré l’auteur, et qu’il raconte ici avec pas mal d’autodérision. En somme, Boisteau raconte sa mue d’auteur jeunesse à auteur adulte, son saut dans le vide en quête d’une œuvre plus profonde, sans assurance de pouvoir en vivre ou même s’en épanouir. Et cette introspection est justement mise en abyme à travers cette BD. Le processus de la remise en question, de la catharsis mise en scène en BD n’est pas tout à fait nouveau…Nombre auteurs ressentent le besoin légèrement nombriliste de SE raconter, afin de progresser dans leur artisanat (Xavier Mussat ou Manu Larcenet y sont passés, entre autre). Au cinéma, l’état de crise existentielle permanente chez Woody Allen est célèbre et le propos central de tous ses films. On sent toutefois dans cet album beaucoup de sincérité, d’ambition drolatique et de faible égocentrisme mis en œuvre par Boisteau pour y parvenir. Tout au long d’un album de 126 pages au découpage souvent dense (mais sans bordures de cases), Boisteau se dessine en petit bonhomme malingre, chauve et bigleux, dans un style gros nez composé de formes simples, quelque part entre Sempé et l’alinéa. Il se met en scène dans sa vie de couple à la dérive, dans son boulot qu’il ne supporte plus, ses séances chez le psy et chez l’hypnotiseur, ses conversations amicales, son égarement sentimental, sa dévorante procrastination, ses face-à-face oniriques avec ses monstres intérieurs et ses autres moi. C’est tout à la fois amusant, délassant, intéressant et pleinement réussi.

voir la fiche officielle ISBN 9782203211490