L'histoire :
Au Chili, sur le plateau du Chajnantor, près de la petite commune d’Atacama, à près de 5000 mètres d’altitude, se construit actuellement le plus grand radiotélescope de tous les temps. Le climat est certes épouvantable : 30° le jour, en moyenne 0° la nuit et parfois jusqu’à -25° l’hiver, avec toujours un vent violent. Néanmoins, quelques 320 jours de ciel azur par an, le lieu le plus sec au monde, une atmosphère moins épaisse à traverser : des conditions uniques au monde sont réunies sur ce site, pour y « écouter » le cosmos et tenter de le comprendre. La chaine de la cordillère des Andes est d’ailleurs tellement propice pour ce type d’installation, que les projets internationaux se sont multipliés ces derniers temps, tous plus pharaoniques les uns que les autres. Le summum devrait d’ailleurs être atteint par l’Europeen Extremely Large Telescope, avec sa lentille optique de 42 mètres de diamètre (et dont la construction ne va pas tarder à débuter). Une fois achevé et pleinement fonctionnel, quant à lui, le laboratoire de l’ALMA (pour Atacama Large Millimeter Telescope) va permettre de capturer et focaliser les ondes radio venues du ciel. Ce projet, financé par les européens, les américains, les chiliens et les japonais permettra d’observer « l’univers lointain », grâce à une toile de 66 antennes géantes qui pourront être déplacées au gré des besoins. La finalité mérite cet investissement : il s’agit de percer (enfin) ce qu’il s’est passé juste après le big-bang, de voir l’apparition des premières étoiles et des premières galaxies (l’unité de base distance-temps est ici l’année-lumière). Et éventuellement de déterminer si un « big crunch » est inévitable, comme le sous-tendent certaines théories…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Expatrié depuis quelques années au Chili, le dessinateur de BD Olivier Balez a été subjugué par le titanesque chantier de l’ALMA, sur le désert d’altitude le plus sec du monde, le Chajnantor. Les perspectives scientifiques qu’ouvre ce projet visent à remonter le temps au plus « tôt » possible, percer l’origine de la matière, de l’univers (rien que ça). Or, à ambitions démesurées, moyens démesurés : ce laboratoire coûtera un milliard d’euros aux nombreux partenaires internationaux. Balez n’a pas pu résister : il fallait qu’il en parle à un collègue du 9e art, l’un des mieux qualifiés pour en cerner le potentiel : Pierre Christin, le papa de Valérian, agent et héros spatio-temporel. Interpelé par la « puissance » des lieux et du projet, ce dernier a fait le voyage. Cet ouvrage est placidement le résultat linéaire en reportage BD de leur séjour commun sur place. Il n’y a donc ni intrigue construite, ni véritable démonstration : le récit se contente de restituer ce qu’ils ont vu, entendu et ressenti, en empilant « basiquement » des expériences et témoignages, en une pluie de séquences qui font le tour de l’environnement et du projet. Ainsi, au-delà des contingences scientifiques, les auteurs se sont aussi intéressés aux conditions de vie des autochtones (l’irrigation est une chose sensible), à la beauté des paysages, au patrimoine culturel, à l’économie touristique locale, à l’histoire du pays, aux spécialités et aux caractères des nombreux « mercenaires » appelés à travailler sur le site. Enfin, dans un dossier annexe de making-off, des articles et des croquis poursuivent le carnet de route, hors format BD. Une documentation variée continue alors d’ouvrir le lecteur à l’avenir et à la civilisation, étayée par des photos, des croquis, des portraits, des anecdotes… Hyper didactique et palpitant, donc, mais pas vraiment une BD.