L'histoire :
Jack rend une dernière visite à son ex-femme. Il vient lui apprendre que celui qui est emprisonné depuis 15 ans pour le meurtre de leur fils Niels, celui qu’ils appellent l’indien, a été innocenté suite à un test ADN. Il vient lui apprendre qu’en dépit de cette preuve irréfutable, il ne croit pas à cette innocence et qu’il a décidé de buter l’indien dès sa sortie de prison. Sa femme le traite de fou et le chasse – une nouvelle fois – de sa vie. A peine a-t-il repris la route, que Jack fait monter à bord de sa voiture, une jeune femme poursuivie par un pick-up. Après une course-poursuite, Jack parvient à renverser le poursuivant dans le fossé. A ses côtés, Sarah, une jeune paumé, décide de faire un bout de chemin avec lui, quitte à l’accompagner dans son objectif de vengeance. Arrivé à la grille de la prison, Jack apprend en rage que l’indien a finalement été libéré la veille. Pleine de ressources, Sarah parvient néanmoins à soutirer des infos dans un bouiboui du coin : l’indien a pris la route de Chicago. Le tandem s’engage alors sur la fameuse route 66, celle qui traverse les USA d’est en ouest…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Le sang des Valentines, chronique sociale d’après-guerre couronnée par le prix du public lors du dernier festival d’Angoulême, Christian de Metter change radicalement de sujet, en solo. Vers le démon est un road-movie désabusé et violent, qui ressemble à une quête de rédemption. Dès le départ, on comprend bien que Jack cherche plus à exhorter sa violence introvertie qu’à assouvir un réel désir de vengeance : les tests ADN sont infaillibles et Jack n’est pas totalement stupide. Tout en roulant Vers le démon – qui sommeille en lui – Jack croise des personnages qui le mettent sur la voie de la révélation. Niels, l’autostopeur rêveur, au prénom de son fils, a idéalisé l’image du père. Sarah, aux réactions aussi imprévisibles qu’extrêmes, devient son maître. Le bouquin qu’elle lit le renvoie à sa propre image. Bref, tout n’est que métaphore dans cette ultime fuite en avant. Mais des métaphores un peu floues, à l’image du dessin moderne, gribouillé, en couleurs directes. Le crayonné rapide mais précis, recouvert d’une colorisation mi-gouaches / mi-textures (les chemises à carreau), est parfois aux limites de l’art contemporain, haut en couleurs… Ce graphisme particulier (et difficile pour les amateurs de BD classique), qui fonctionnait parfaitement sur le Sang des Valentines (les tonalités sépia désuètes en plus), semble toutefois ici moins abouti, moins percutant… Néanmoins cela ne gâche en rien le plaisir de cet excellent one-shot.