L'histoire :
En 1765, au château de Ferney où il finit sa vie en compagnie de sa nièce Marie-Louise Denis et de son secrétaire particulier, Wagnières, Voltaire reçoit la visite du jeune Lasalle, qui a pour objectif de faire sa biographie. Il lui raconte son enfance au collège Louis-le-Grand, chez les Jésuites, à coups de fouet et de rimes. Jeune, il est déjà attiré par le luxe de ses camarades nobles. Mais lorsqu’il annonce qu’il veut devenir écrivain à son père, ce dernier est furieux. Il veut en faire un conseiller au Parlement, ce qui est un emploi rêvé pour un roturier nommé Arouet. Mais au lieu d’aller étudier le droit comme le souhaitait son père, Voltaire fait ses classes parisiennes à la société du Temple, haut lieu du libertinage. Il y fait la connaissance du chevalier de Vendôme, le duc de Sully… Alors qu’il parle de ses rapports avec l’abbé Servien, grand pourfendeur des puissants, le vieux Voltaire présente son domaine au jeune Lasalle. Ils sont loin d’Abeille, où se joue un drame du despotisme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
François-Marie de Arouet, dit Voltaire, est l’un des philosophes les plus emblématiques du siècle des Lumières. Travailleur infatigable, défenseur des causes perdues, il recherchait « en même temps », pour reprendre une expression politiquement à la mode, les honneurs, la richesse et le luxe. Il était capable de demander des prébendes aux puissants, qu’il étrillait sous couvert de l’anonymat des pamphlets. Le scénariste Philippe Richelle s’attache ici au caractère du grand homme, aux petites histoires qui font ressortir la malice du philosophe, celle que l’on peut lire aussi dans les yeux bleus d’un autre grand homme, d’un autre acabit toutefois, Jean d’Ormesson. Comme d’habitude, Richelle livre un scénario soigné, où Voltaire échange avec un biographe (inventé) qui lui donne la réplique et relance les histoires. C’est vif et enlevé, et la vie de l’auteur de Zadig succède à des passages où il fait visiter son domaine, celui auquel il a consacré la fin de sa vie, son jardin secret, au jeune biographe putatif. Le compère du scénariste liégeois, Jean-Michel Beuriot, livre une partition différente de la série Amours Fragiles, par exemple. Il garde un coup de crayon léger et applique l’aquarelle directement sur l’original. Cela donne une belle douceur et une vraie légèreté à son dessin, pour lequel il a beaucoup travaillé, s’est documenté sur les meubles, les vêtements de l’époque et le style rococo. Un one shot bien réussi, escapade gourmande des deux auteurs d’une série à succès.