L'histoire :
Dans les années 70, Erwin, un ancien soldat allemand, revient en compagnie de sa nièce Marian au cap gris-nez (côtes françaises faisant face à l’Angleterre), un littoral qui le vit combattre en 1942 les forces alliées. Il cherche notamment à retrouver la trace d’une femme, Opale, qu’il avait rencontrée alors qu’il peignait face à la mer. A l’époque, il était en faction dans un ringstand (une sorte de mini blockhaus à ciel ouvert), avec son partenaire Max. Ses souvenirs, notamment autour de la fameuse batterie Todt sont encore très présents. Il était alors possible de déplacer cet énorme canon monté sur rails le long de la ligne reliant Boulogne à Calais. Il retourne visiter ces fortifications, qui tiennent lieu aujourd’hui de musée, et croise sans le savoir un vétéran américain en compagnie de son petit-fils, qui fait lui aussi un voyage de mémoire. Sur les lieux, il y a aussi un anglais, Archie, qui servit lors de la campagne de Lybie en 1941. Lui aussi se souvient. Les pièges du désert, chaleur et tempêtes de sable, dont s’était déjoué avec une chance insolente le général nazi Rommel, lui avaient valu de perdre une jambe, infectée après une stupide égratignure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le ton de ce premier volet est à peu près le même que pour la précédente saga romanesque du couple Maryse et Jean-François Charles, India dreams (ils aiment beaucoup les « dreams », les Charles). Si le titre composé de deux termes contradictoires (la guerre et les rêves) peut sembler curieux, il prend en revanche tout son sens à la lecture. Même plongée au cœur de la seconde guerre mondiale, la vie est en effet faite de rêve et « la passion n’a que faire du contexte ou des conventions ». Les auteurs nous proposent dès lors une magnifique épopée prévue en 4 tomes, à mi-chemin entre romance, espionnage et devoir de mémoire. Sur ce vaste sujet, le travail de JF Charles, une nouvelle fois en couleur directe, est splendide. L’artiste semble monter à chaque fois un peu plus haut, au sommet de son art. A plusieurs reprises, des cases occupent presque ou pleinement une planche entière, majestueuses, tels des tableaux de maître (la batterie Todt, la colonne anglaise en Lybie, l’attaque au sud de Tobrouk, le Caire !). En outre, la première édition est agrémenté de 8 pages finales de croquis, à ne pas louper. Côté narration, les intrigues s’additionnent pour le moment sans s’entrecouper, sous forme de flashbacks alternés. Il y a d’une part la romance naissante entre l’allemand Erwin et la française Opale, sur la côte éponyme. Puis la mésaventure d’Archie en Lybie, qui lui coûta une jambe et l’amena à entrer au service du renseignement, a priori sujet du prochain épisode (d’ores et déjà baptisé Le code enigma). En outre, les personnalités de deux autres vétérans restent encore à être découvertes : le français veuf et l’américain « condamné »…