L'histoire :
En 1941, Joe Bubble, motard cascadeur dans le civil, reste une véritable tête brûlée à bord d’un avion mitrailleur. Dragueur insupportable, indiscipliné, grossier, violent et machiste, il est néanmoins apprécié de ses collègues pour son efficacité aérienne et la courbe de croissance prodigieuse de ses trophées de guerre… 60 ans plus tard, il est revenu sur la côte d’Opale en compagnie de son petit-fils, faire une sorte de pèlerinage testamentaire : il se sait condamné à court terme. Au même endroit, au même moment, l’allemand Erwin se remémore lui aussi ses années de guerre. Il était à l’époque affecté dans un bunker enterré dans le sable, face à la manche. Il était tombé amoureux d’une belle française, Opale, rousse, sauvage et simple d’esprit, qu’il observait à la jumelle. En sauvant sa jeune sœur de la noyade, il avait gagné sa confiance. Mais il s’était alors attiré les foudres de sa hiérarchie, car il avait du pour ce faire abandonner son fusil sur la plage. Relégué aux corvées de latrine, la visite fortuite du général Rommel en personne avait été à l’origine de sa réhabilitation. De nos jours, plus en retrait dans les terres, le vétéran anglais Archie a acheté un petit cottage, lui aussi pour se souvenir. En 1941, il apprenait, au Caire, à marcher avec une prothèse après avoir perdu une jambe en raison d’une blessure gangrénée. Il venait alors d’intégrer la cellule du renseignement, et décryptait avec un agent français les codes secrets allemands grâce à la célèbre machine Enigma…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« War and dreams », en français : la guerre et les rêves. Deux notions un peu antinomiques qu’il faut ici associer en tant que Mémoire militaire autour de la seconde guerre mondiale. Maryse et Jean-François Charles poursuivent leur saga romanesque, sans se départir de l’élégance en couleurs directes et de la sensualité propre à leur œuvre en binôme (India dreams). Sur les lieux même où l’Europe s’entredéchirait il y a 60 ans (la côte d'Opale), quatre protagonistes, dont un encore très mystérieux, de 4 nationalités différentes, livrent au présent leurs souvenirs du passé, en autant de séquences parallèles. Tout d’abord l’américain, héros intrépide, qui collectionne autant les conquêtes féminines que les croix gammées peintes sur la carcasse de son appareil. Puis le récit fait à nouveau un large focus sur l’allemand, trouffion de base affecté en première ligne et artiste dans l’âme, sensible au point de ne pouvoir tomber amoureux que d’une simple d’esprit : sa candeur l’affranchissait du poids de toute cette folie politique. Evidemment, eut égard au titre de second tome, une large séquence est également consacrée à l’anglais et à la machine Enigma. Devenu unijambiste, Archie évolue dans la position inconfortable des hautes sphères du renseignement : de sa machine Enigma, il décide des mouvements de troupes et d’envoyer des hommes au casse-pipe. Enfin, le rôle du français, devenu de nos jours gardien du musée de la guerre, demeure encore impénétrable en 1941, même s’il commence lui aussi à livrer quelques souvenirs (son départ pour le STO). Chacun relie inévitablement ses souvenirs à l’amour d’une femme, une thématique tout aussi importante que celle des combats. A suivre dans le futur Repaire du mille-pattes…