L'histoire :
Tokyo, 29 avril 1954. Robert Capa, motivé comme jamais, est décidé. Il veut faire un reportage de guerre en Indochine. Il en informe son relai local Sochurek ainsi que John G. Morris, l'un des Boss de Magnum. Celui-ci ne manque pas de l'alerter sur les risques de cette mission photo en citant la phrase d'Ernst Haas : « être trop enthousiaste pour aller à la guerre, c'est prendre le risque d'en revenir les pieds devant ». Une parole prémonitoire... La guerre touche à sa fin en Indochine avec la bataille de Diên Biên Phu et la signature des accords de Génève. Capa prend l'avion pour Hanoï, la route de Nam Dinh, puis direction Luang Prabang au Laos. Capa prend des photos de prisonniers, de blessés, de soldats... Capa immortalise une dernière fois des soldats dans une rizière avant de mettre le pied sur une mine. Une vie vole en éclat. Nous sommes le 25 mai 1954. La nouvelle arrive rapidement sur les téléscripteurs, au même moment que la disparition de Werner Bischof, qui périt au Pérou, entre Chagual et Parcoy, à proximité de la Cordillère des Andes, dans un accident de voiture après un reportage photo. Werner Bischoff est un historique de l'agence Magnum, l'un de ses membres fondateurs en 1949. Les deux nouvelles de ces disparitions créent une véritable cacophonie dans les médias et chez ceux qui l'apprennent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Non, Magnum Génération(s) n'est pas un album sur les fans nostalgiques du célèbre détective affublé de chemises hawaïennes qui menait des enquêtes avec Higgins, Rick et Terry... Magnum Génération(s), c'est un bel et vibrant hommage à la plus fameuse agence photographique du monde. À l'occasion du 75ème anniversaire de sa création, Jean-David Morvan s'empare du bébé. Un projet qu'il avait depuis fort longtemps dans ses cartons. Un travail de titan, car il a fallu pour le scénariste réunir et recouper des sources et se référer à des livres américains, anglais, espagnols, italiens et français ! L'agence Magnum, c'est une certaine idée de la photo, avec un message fort : être au cœur des grands évènements de l'histoire, saisir l'instant pour défendre les idéaux et les opprimés. Magnum, c'est Capa, ce jeune hongrois emporté dans la tourmente des guerres du XXème siècle, un œil perçant. C'est aussi Gyorgy Kepes, Henri Cartier-Bresson, David Cim Seymour, Gerda Taro, George Rodger... Des hommes et des femmes qui voulaient changer la vision du monde. Morvan signe un bel album, écrit avec justesse, intensité et émotions, en jonglant entre les éléments biographiques et des dialogues maîtrisés et nourris, insistant sur la dramaturgie. Au dessin, c'est un trio constitué par Arnaud Locquet, Scietronc et Rafael Ortiz qui joue des crayons... dans des styles identifiés, mais finalement dans la même lignée. La force de cet album, c'est d'intégrer des photos au fil de l'histoire, donnant du relief au récit. Un album qui vaut le détour et qui fera assurément de nouvelles générations de... Magnum.