L'histoire :
Dans un village, deux fermières sont tuées à coup de fourches par deux hommes accompagnés d’un chien noir. Un mystérieux personnage cagoulé, armé d’une baïonnette, constate les dégâts. Il cache l’un des corps sous du feuillage et emmène le corps de l’autre femme. Il la dépose dans une cachette. L’homme à la baïonnette part à la recherche des meurtriers. Il les retrouve et les tue. Pendant ce temps, dans une maison cossue d’une ville, une mère invite son fils Peter à partir rejoindre ses frères dans le sud. Elle est effrayée à l’idée que son fils soit fait prisonnier par les soldats. Peter ne veut pas laisser seule sa mère. Mais il doit se rendre à l’évidence. D’ailleurs, sa mère a cousu l’argent du voyage dans sa doublure. En attendant, Peter doit aller au lycée où son professeur leur fait un cours sur la Science des races, évoquant l’idée d’une race supérieure et de sous-races : les sous-races sont des rats ! Le jeune garçon fait tout pour ne pas écouter ce discours xénophobe. Il se bouche les oreilles, ce qui met hors de lui le professeur. Excédé, Peter frappe le professeur et s’enfuit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le lait noir raconte le destin d’un jeune homme qui doit s’exiler de son propre pays. Cette histoire, c’est celle du grand-père de l’auteur, Pierre Michaelis, né au milieu des années 1920 dans une famille juive de Berlin, qui a dû quitter, à 17 ans, sa terre natale pour d’autres cieux. A partir d’anecdotes et de souvenirs, Fanny Michaelis compose un récit poignant où la violence des hommes est omniprésente. Dès le début, on est perdu (ce qui est voulu). Et peu à peu, les éléments du puzzle narratif s’assemblent. Loin d’accomplir un devoir de mémoire familial, elle dresse ici un univers fantasmagorique à l’aide d’un crayonné posé s’apparentant à des gravures. L’atmosphère est pesante, toujours pour exprimer la tension palpable où l’humanité est reléguée au second plan jusqu’à un final plus positif. Un album intime, nébuleux par moment, mais touchant et délicat dans son ensemble.