L'histoire :
L’album est une invitation au voyage dans le monde merveilleux de la mort. Il présente une succession de petites histoires décrivant les méandres du royaume de la grande faucheuse et de sa psychologie. On y rencontre des têtes de mort, des squelettes, des êtres humains dans leurs voitures, des animaux, des chauves-souris, des bombes… On pourra aussi observer le quotidien et les bonnes résolutions d’un jeune homme moderne ainsi que les pérégrinations d’un passager encombrant : la mort personnifiée. Dieu, à un moment, fait une timide apparition… mais est-il à sa place ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Winshluss, voilà désormais une valeur sûre du 9e art. Prix du meilleur album à Angoulême en 2009, prix spécial du Jury à Cannes avec le film Persépolis (co-réalisé avec Marjane Satrapi), l’auteur ne cesse d’étonner par son audace graphique et narrative. Publié en 2002 chez 6 Pieds sous Terre (complété par trois histoires et des illustrations inédites, pour la nouvelle édition), donc bien avant le succès de Pinocchio, Welcome to the Death Club présente une belle synthèse de l’univers gentiment morbide et malsain de l’auteur. Ajoutez-y une bonne dose d’humour noir et vous obtiendrez un concentré divinement sombre d’un monde jouant l’une de ses dernières parties avant le coup de sifflet final. A elle seule, la couverture campe le décor de l’album : deux enfants sortis tout droit d’un conte pour enfant jouent au tennis avec… une grenade, épiés par un arbitre inédit : la mort, prête à faucher ! C’est très drôle et jouissif. De même, l’affiche fournie avec l’album est à tomber par terre, tant l’auteur parvient à mêler humour et noirceur. Winshluss excelle par ailleurs dans la maîtrise du noir et blanc, grâce à un trait nerveux, torturé et souvent charbonneux, soucieux de détails. Ce graphisme lui permet d’appuyer l’ironie du propos. Volontiers sarcastique et moqueur, Winshluss maîtrise aussi l’art de la narration muette hyper-suggestive et symbolique (déjà époustouflant dans Pinocchio ou encore Smart Monkey). Cette absence de dialogue n’empêche néanmoins en rien la parfaite lisibilité du découpage et c’est là le grand talent de Winshluss. Bref, c’est trash, sombre, macabre et hilarant (heureusement, sinon l’ensemble serait imbuvable !). Sans compromis, ce bel album (ah, la patte Cornélius) est conseillé à ceux qui préfèrent rire de la mort, plutôt que s’en lamenter…