L'histoire :
Le 14 mai 1607, des indiens powhatans chassent le canard à l’affut, avec leurs arcs, à bord d’un canoé qu’ils laissent dériver dans les marécages de la James River (actuel état de Virginie). Soudain, à travers la brume et les roseaux, ils aperçoivent deux énormes caravelles européennes. Les colons anglais qui se trouvent à bord de ces navires décident d’emblée d’implanter une base ici, qu’ils baptisent Jamestown. Or les premières barques qu’ils mettent à l’eau pour convoyer leur matériel et leurs outils sont accueillies par des volées de flèches – de la tribu des paspaheghs. Les anglais ne voient pas leurs assaillants, invisibles derrière la lisière… Ils répliquent donc par des tirs d’arquebuse à l’aveuglette, à travers les frondaisons. Parmi les anglais se trouve un homme enchaîné et promis à la pendaison. Il s’appelle John Smith et il a fomenté une mutinerie pendant le voyage. Eu égard à sa grande expérience, et au besoin de s’appuyer sur un maximum de forces vives sur ce littoral hostile, l’amiral décide de le gracier. Smith est donc libéré. Pendant ce temps, les powhatans tiennent un conseil de guerre. Comment faut-il se comporter avec ces étrangers ? Sont-ils des ennemis ? Seront-ils plus nombreux demain ? Les anciens se souviennent que d’autres étrangers de ce type étaient déjà venus et qu’ils étaient malfaisants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous connaissez tous l’histoire – authentique ! – de cette gracieuse amérindienne qui tombe amoureuse d’un colon anglais venu conquérir son territoire. Elle a été popularisée et infantilisée par le dessin animé de Disney, et romancée à l’eau de rose dans le chef d’œuvre ciné de Terence Malik, Le nouveau monde. L’auteur complet Patrick Prugne nous en donne aujourd’hui sa version, en restant dans la mouvance confortable de son œuvre consacrée aux cultures amérindiennes, qu’il déploie en one-shots depuis 13 ans chez Daniel Maghen. On retrouve ses beaux dégradés dans les ciels et les eaux marécageuses, les jolies frondaisons et leurs ombres marquées, les décors forestiers, les indiens powhatans enrichis de leurs peintures de guerre… Son dessin en couleurs directes est toujours aussi élégant et romantique, bien qu’on en repère de plus en plus les automatismes (sur les faciès des occidentaux, surtout). Le scénario est quant à lui plus « attendu ». Prugne ne révolutionne pas le mythe, il reste globalement dans le cadre des éléments historiquement connus et authentifiés – plus qu’une histoire d’amour entre Pocahontas et John Smith, il s’est surtout agi d’une « connexion » de confiance, d’une amitié forte – ce qui est certes tout à fait honorable, à défaut d’être pleinement emballant.
