L'histoire :
Sur Ter, le jeune Pip tapote le sol avec son bâton, de nuit, au milieu de sépultures en ruine. Il est pilleur de tombes en quête de quelque trésor. Soudain, ça sonne creux… A l’aide de son pied-de-biche, il soulève une dalle et découvre le corps d’un homme incroyablement conservé. Tellement bien conservé que l’homme ouvre les yeux et se lève ! Tout d’abord effrayé, Pip s’enfuit à toutes jambes. Puis il revient, l’homme muet a surtout l’air inoffensif et perdu. En fait, cet individu ne peut même pas dire qui il est, étant donné qu’il ne sait pas parler. En raison d’un tatouage sur son épaule, Pip le baptise « Mandor ». Il lui prête un foulard pour masquer sa nudité, puis l’amène chez lui, dans son village, Bas-Courtil, une cité au milieu d’un lac. Pip présente Mandor à sa sœur Yss. Un regard troublé est échangé. Puis Mandor s’intéresse à une vieille comtoise terrienne, qu’il répare d’instinct, en une petite manipulation. Pip s’aperçoit que Mandor sait ainsi réparer et trouver l’utilité de tout un tas d’antiquités ! Dans les jours qui suivent, Pip et Yss apprennent à parler à Mandor, tandis que ce dernier répare les grille-pains et les antiques mixers de tous les habitants du quartier. Sa présence soudaine et inexpliquée commence à faire jaser : serait-il le prophète dont parle la prédiction ? En tout cas, les autorités politiques et religieuses commencent à s‘intéresser à lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce premier tome de TER édité chez les trop rares éditions Daniel Maghen, Rodolphe et Christophe Dubois débutent une trilogie de science-fiction accrocheuse, bien qu’inspirée de nombreuses précédentes séries BD. Le thème est en effet comparable aux prophéties chères à l’heroïc-fantasy et il se déroule à travers un décorum bigarré digne des Mondes de Léo. Le principe de « l’amnésie » s’avère également très performant sur le plan narratif. Le lecteur n’en sait pas plus au sujet du héros que le héros lui-même, sinon qu’il est assurément le véhicule d’une quête initiatique et vraisemblablement d’une libération civilisationnelle… Mais en réalité, tout cela appartient à des préjugés, car Rodolphe avoue se laisser porter par le récit, prévu en trois tomes. Le rythme séquentiel, les dialogues et l’attachement qu’on porte rapidement aux personnages, reflètent en tout cas le savoir-faire du scénariste en se montrant diablement immersifs. Evidemment, la virtuose patte graphique réaliste de Dubois se montre aussi redoutable d’efficacité. Les éléments architecturaux et vestimentaires de cette curieuse civilisation, les magnifiques paysages, les postures des personnages et la colorisation cinématographique participent d’une harmonie visuelle de haut vol. Cerise sur le gâteau : les auteurs nous abandonnent avec un cliffhanger lourd de sens pour la suite, que personne n’avait vu venir…
