L'histoire :
Bien des années ont passé depuis leur dernière aventure. Blake et Mortimer savourent à présent une retraite bien méritée. Ils sont néanmoins invités à passer la nouvelle année dans leur club, le Saint James Temple à Londres, à l’occasion d’une soirée en leur honneur. Les vieux amis échangent des missives à ce sujet, se remémorant le passé tout en parlant de la pluie et du mauvais temps. Bientôt, leur parvient une lettre mystérieuse que le club a pour mission de leur transmettre. Signée par « le dernier gardien du secret » ce courrier attise la curiosité des deux gentlemen. Ils arrivent rapidement à la conclusion que son auteur doit être le cheik Abdel Razek, leur allié égyptien à l’époque du Mystère de la Grande Pyramide. Arrivé à la fin de sa vie, ce dernier contacte en effet ses vieux amis, les enjoignant de se souvenir, se souvenir, se souvenir… il est question de pyramide intérieure, de mémoire sarcophage et de lumière. Dès la nuit suivante, un rêve étrangement partagé par les deux aventuriers les réunit au bord du Nil…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le format à l’italienne (20X25) l’annonce d’emblée : ce Blake et Mortimer n’en est pas vraiment un. C’est plutôt un jubilé, présenté sous forme de correspondance « à l’ancienne » entre les deux hommes. L’aventure Immobile porte bien son nom, puisqu’entre la correspondance postale et les phases de rêve, elle se déroule dans une totale sédentarité britannique. Le scénario concocté avec originalité par Didier Convard, est paradoxalement convenu, tant l’astuce du rêve partagé est peu crédible ou peut-être mal retranscrite. Ce qui rend le cœur de l’intrigue creux, même s’il est documenté sur l’aspect mythologique. L’accent étant mis sur les missives qui expriment la profonde amitié qui lie les deux hommes et leur grande humanité, l’énigme proposée par la réouverture du dossier du Mystère de la grande pyramide reste au second plan. Et pourtant, ne pas avoir lu l’album constitue un obstacle à une bonne immersion dans le sujet. Côté visuel, les planches avec leur unique dessin répondent aux parties épistolaires, alternant présent et passé. André Juillard compose des images avec un grain particulier, comme si le sable égyptien s’insinuait jusque dans l’ouvrage. Quant à Blake et Mortimer, aujourd’hui marqués par le temps, ils sont fidèles aux gentlemen britanniques imaginés par Edgard P. Jacobs : leur flegme et leur élégance n’ont, eux, pas pris une ride. Pourtant il émane de l’ensemble une impression un peu vide, creusée par l’absence d’action réelle et par le manque évident de ressort et d’intrigue. Elle se dénoue sans effort, en mode « voilà ce qui s’est passé », purement descriptif et, de fait, assez ennuyeux. Cette ré-édition d’un ouvrage sorti en 1998 chez Dargaud s’adresse donc aux nostalgiques qui veulent compléter leur collection. Pour les autres, la série initiale peut se lire et se relire avec un plaisir toujours renouvelé. Alors inutile de s’en priver !