L'histoire :
En prenant un autostoppeur sur une route de campagne aux alentours de Cahors, Gueric n’imaginait pas qu’il allait plonger dans une telle affaire de grand banditisme. Le voilà en fuite dans sa DS de collection, en compagnie de son ami bouquiniste Hippolyte, et du « jeune Alain »… qui s’appelle en réalité Aline ! Le père de cette dernière, surnommé « le lotois » dans le milieu, a en effet réalisé un casse de 10 millions, avant de planquer le butin et d’escroquer ses comparses. Très énervés, ces derniers ont descendu le lotois et ils visitent maintenant tous les contacts du truand, à commencer par sa petite famille. Tout d’abord Diane, son ancienne compagne, qui verse aussi dans l’arnaque : elle et son nouvel amant allemand flinguent le Piqueux, l’un des tueurs, et partent eux aussi à la recherche du butin. Mais le lotois était un malin : il a converti les petites coupures en timbres de collection, plus faciles à transporter et à dissimuler. Réfugiés à bord d’une péniche Alain/Aline, son parrain, Guéric et Hippolyte en ont déjà retrouvé une partie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’idée de départ de ce mini road-movie n’est pas inédite (un règlement de comptes au lendemain d’un casse), l’originalité de la localisation géographique (un coin rural du sud-ouest) aurait pu relever la sauce. Mais la psychologie douteuse des personnages peine à accorder une grande cohérence au récit. Guéric ne s’aperçoit pas qu’Alain est une fille ; Aline comprend bien tard que son parrain est le dernier des pourris ; Hippolyte et son pote anglais risquent leur vie pour sauver des truands encore inconnus la veille… Bref, à vouloir à tout prix coller à l’ambiance des polars « lautnériens », Laurent Moënard se noie dans des rapports et des rebondissements peu crédibles. De plus, il y a toujours cette dichotomie entre le dessin emprunt de romanesque d’Eric Stalner et le ton plus viril des dialogues. Or ces faiblesses narratives s’accompagnent aussi d’une petite forme graphique pour Stalner. Dans le premier tome, son dessin en couleurs directes s’était révélé un atout majeur. Même si quelques cases restent sublimes, cette conclusion réalisée visiblement plus hâtivement, exhibe un pinceau nettement plus lourd et une majorité de crayonnés approximatifs. Notamment les scènes dans la pampa, où le dessinateur se laisse aller à une profusion végétale démesurée, avec moult tâches de peintures pour représenter les feuilles des arbres, les herbes vivaces (ex p.18-19)… Quand on sait de quoi est capable ce dessinateur, c’est d’autant plus dommage.