L'histoire :
Janus et Prune, frère et sœur, vivent dans la rue : ils chapardent leur nourriture quotidienne, se jouent des bourgeois en les raillant ou les humiliant, mais goûtent un bonheur qu’ils ne céderaient pour rien. Pourtant, un jour, en portant secours à Prune qui courait imprudemment après un chaton, Janus est violement heurté par une diligence. Le résultat est sans appel : Janus est aveugle à jamais. Recueillis dans un orphelinat, les deux enfants s’adaptent tant bien que mal à cette vie en communauté. Un soir, tous sont attirés par une étrange musique qui traverse les murs du dortoir. Très rapidement, ils en comprennent l’origine : c’est un chat bavard qui fait raisonner du son d’une cornemuse cette douce mélodie. Mais le matou n’en reste pas là. Il propose en effet aux enfants de les conduire vers un royaume secret et merveilleux : un endroit « suprafantasmallégorique » sur lequel règne une reine magnifique prête à devenir leur Maman. De fait, les enfants ne tardent à se retrouver dans un lieu magique, rempli de succulents gâteaux, de délicieux breuvages et nombreuses sucreries. Peu effrayés par les quelques monstres de foires qui animent ce pays de cocagne, les enfants semblent conquis : seule la petite Prune ne partage pas l’enthousiasme du reste de la communauté. Qui est, et que veut, réellement cette Reine ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce chat bleu-nuit qui offre son patronyme à cette nouvelle série, incarne à lui seul tout ce que les contes ou légendes nourrissant notre imaginaire depuis l’enfance, ont de plus déroutant : un doux mélange de mystère, de magie, d’ensorcellement et d’effroi. Il y a en effet chez ce Braise une once du joueur de flûte de Hamelin, un quelque chose du lapin d’Alice et trois fois rien du filou Renard entrainant Pinocchio au pays des jouets. En sus, le félin a du verbe : une sorte de poésie tarabiscotée agissant comme un filtre prompt à embobiner ses futures proies. Ainsi, c’est le matou qui mènera la danse (?) dans un univers garni d’un « monstruaire » peu rassurant où seuls quelques bonbons ou joujoux et une gentille Maman tenteront d’équilibrer la balance. Bien vite, cependant, la bascule opérera une plongée vers le plus sombre des chemins, réduisant à néant toute velléité de pure féérie. Le moins que l’on puisse dire, c‘est que l’accroche est concluante : on se laisse happer sans difficulté par un récit aussi palpitant qu’effrayant. Chacun des personnages principaux y est attachant : les auteurs ayant pris soin de les entourer de mystère, de monstruosité, de bonté ou de folie, on sent qu’ils peuvent nous surprendre à tout moment. Tout en confirmant l’orientation sombre et effrayante du récit, le dessin de Cédric Fortier ajoute rythme, dynamisme et un zest d’excès parfaitement raccord avec le ton employé. Une bonne ouverture de série à fort potentiel, confirmant l’engouement actuel pour le conte noir et déroutant.