L'histoire :
Braise dirigeait un cirque. Poigne de fer et œil sur le tiroir caisse étaient son quotidien. Au point d’ailleurs de négliger sa petite fille Dorothée… Et puis, il y a eu cet orage. Emportée par un torrent de pluie, la caravane a plongé dans le ravin. Dorothée et Patate, le fils de Teigne, sains et saufs, ont trouvé l’entrée d’une grotte. Ils se sont approchés d’une rivière au ton vert émeraude envoutant… et se sont laissé happer. Les membres de la troupe plongent à leur tour pour récupérer les gamins. Trop tard pour la petite, tombée entre les mains d’une étrange reine. L’expérience n’est d’ailleurs pas sans effet pour les autres, puisque tous ceux qui ont été en contact avec la rivière ont subi quelques métamorphoses. Par exemple, Braise est devenu un chat de couleur bleu-nuit. Un félin qui, pour espérer retrouver sa fille, doit fournir régulièrement à cette « douce » reine un contingent de bambins. Aussi, muni d’une sorte de cornemuse, il écume les orphelinats de la ville à la nuit tombée. Aux gamins, il promet monts et merveilles, jeux et sucreries, mais surtout amour d’une gentille maman. Prune et son grand frère Janus, frappé de cécité à la suite d’un accident, tombent eux aussi dans le panneau. Braise les embobine, leur fait goûter les mets promis, les jeux contés. Mais Prune sent rapidement qu’il y a entourloupe et à la nuit tombée, elle explore le pays de cocagne pour découvrir l’envers du décor : une zone faite d’immondices ; l’exploitation des enfants plus âgés et surtout : ils doivent servir de repas à leur soi-disant Maman. Pas question de se laisser faire. Et comme pour lui prouver qu’elle a raison, le hasard lui fait rencontrer Martial et sa bande qui, eux aussi, ont réussi à échapper au projet du matou...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mais c’est vrai quoi ! C’est comme ça qu’ils se montrent reconnaissants de les avoir sortis de l’orphelinat où ils croupissaient sans une once d’amour ? C’est ainsi qu’ils démontrent le plaisir qu’ils ont pris à se gaver de sucreries ou à jouer dans les manèges ? En prenant la fuite ? En organisant la rébellion avec des vauriens ? Enfants indignes !… Ce deuxième voyage dans les contrées fantastico-angoissantes d’une tendre reine croqueuse de bambins continue de distiller ce mélange de trouille et fantaisies digne des meilleurs contes ou jolis univers décalés. Si le premier opus plantait les bases et le décorum de cette savoureuse fable, cette suite pose quelques jalons pour nous guider peu à peu vers sa sortie. Un copieux flashback permet notamment de mieux « comprendre » notre bleuté matou et une fillette à la tête bien vissée sur les épaules en assume, en effet, agréablement la fonction. Pour autant, tout reste encore suffisamment mystérieux et inquiétant pour qu’on ne se rassure que partiellement sur l’issu réservée à nos petits héros. A nouveau, les talents de conteurs du duo d’auteurs font merveille. A nouveau, le rythme emballe l’action. A nouveau, folie ambiante et noirceur du propos nous envoûtent littéralement. Une nouvelle fois, enfin, le dessin sert de métronome, via une belle galerie de trognes, un hyper dynamisme, une colorisation juste et des encrages forts d’expression. Cette série, en définitive, c’est un peu comme la potion de Panoramix : une fois tombé dans la marmite, on y prend sacrément goût. Vivement le prochain chapitre pour le dénouement !
