L'histoire :
Prune, son grand frère Janus et une ribambelle de gamins de l’orphelinat, se sont retrouvés embarqués par Braise, un curieux matou dans un univers étrange. Ce lieu est une fête foraine permanente dans lequel on peut se gaver de sucreries et jouer toute la journée. Cet endroit merveilleux abrite également une tendre et douce Maman prête à aimer pour toujours tous « ses » enfants. Pourtant, rapidement, Prune s’aperçoit que tout cloche. En particulier que tout n’est que viles manigances pour que la Reine de ce curieux royaume puisse manger un à un tous les gamins. La lutte s’engage alors entre Prune, quelques autres survivants et Braise, le bon lieutenant – malgré lui – de la Reine. Pourquoi donc a-t-elle indéfiniment besoin de manger les enfants de la ville ? N’y aurait-il pas un moyen pour la faire revenir à la raison et rompre ce terrible maléfice ? Comment en est-elle arrivée là ? Souvenez-vous, alors, de cette petite fille et de ce petit garçon jouant au bord de l’eau. Rappelez-vous leur complicité. Regardez le Roi, le père du gamin, leur interdire de s’aimer. Et puis, plus tard, organiser d’autres épousailles quand bien même le ventre rond de la belle jeune femme était un précieux témoin. Ecoutez les cris, les pleurs et laissez faire l’irrévocable. Vous comprendrez…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pauvre Braise ! Pauvre matou bleuté, fossoyeur coincé par une croqueuse de gamins ! Pauvre Papa forcé de s’arranger avec sa conscience et faire d’irrémédiables mauvais choix… Pour ce dernier volet d’un récit calibré comme les tous meilleurs contes, Bertrand Bouton et Cédric Fortier en livrent toutes les clefs. Avec, comme il se doit, le petit happy end (?) et la petite morale pour en compléter toute la panoplie. Et pour ce faire, le duo d’auteurs ne lésine pas sur les moyens pour accrocher un lectorat séduit par cet étrange univers impeccablement mis en place par les 2 premiers opus. Coté scénario, rien de tel qu’un copieux flashback – muet comme une carpe mais d’une incroyable lisibilité – pour ouvrir les débats et faire toute la lumière sur les motivations de cette cruelle Reine ainsi que la genèse de son univers horrifico-merveilleux. Et puis de dynamiser l’ensemble en trouvant du rythme via un enchaînement d’événements particulièrement explosifs, savoureusement foutraques et enveloppés de piques humoristiques parfaitement dans le ton. Enfin, tous les amateurs se gaveront des multiples références – ou plutôt clins d’œil – qui, des super héros maladroits, d’Alice au Pays des Merveilles ou par exemple de Peter Pan (on pourrait en citer plein d’autres…), codifient nostalgiquement l’univers (nos lectures d’enfance) tout en lui laissant son incroyable modernité. Coté dessin – même si le trait se laisse parfois emporter par le caricatural, Cédric Fortier se met au diapason. Hyper-dynamique et rehaussé d’une palette de couleurs impeccablement trouvée, son graphisme métronome l’atmosphère avec jubilation. Ce petit côté fou-dingue, anxiogène ou sucré est ainsi parfaitement équilibré pour faire de cette trilogie une plongée originale dans un univers jubilatoire pour lequel on ne sait jamais vraiment si l’on est adulte ou redevenu enfant.