L'histoire :
Michel Canard, un homme au physique médiocre, achète une nouvelle veste aux puces. Dans une poche, une boîte mystérieuse pleine de comprimés. Téméraire, Michel en avale une et… se retrouve immédiatement adulé par les passants. Tous voient en lui la célèbre vedette Mickaël Kanard ! Il en est même obligé de fuir tellement ils sont nombreux à courir après lui, l’un pour un autographe, l’autre pour un morceau de chemise. Il comprend alors qu’il a avalé une pilule qui rend célèbre, comme ça, instantanément. Cette notoriété subite est bien pratique pour se faire des filles. Notamment Elina la kiosquière ou Maija la poissonnière. Mais cela est tout de suite moins drôle lorsque les effets s’estompent alors qu’il est au lit avec la fille. Car la durée d’action des pilules est très aléatoire. Tantôt, c’est 10 secondes, tantôt c’est 10 jours. Etant donné qu’avec cette méthode, il ne peut pas trouver de femme qui l’aimerait pour lui-même, il essaie d’en profiter pour gagner un max d’argent. Il avale une pilule et se rend dans un grand studio de cinéma…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers l’histoire tordante de Michel Canard (quel patronyme !) et de ses pilules qui rendent célèbre, Lewis Trondheim fait un pamphlet humoristique et survitaminé sur le star système et la société de l’apparence. Le héros ne cesse de passer du statut de quidam à celui de superstar, ce qui permet à Trondheim de décortiquer les avantages et les inconvénients d’être un « people ». Le dessin du finlandais Ville Ranta, rapide, moderne et parfaitement déglingué, s’accorde à merveille avec cette série de rebondissements déjantés et expéditifs, dans la veine de la collection Poisson Pilote. En outre, en enchaînant ces aventures à un rythme de folie, Trondheim renforce l’aspect futile et éphémère de la reconnaissance publique dès lors qu’elle est illégitime, c’est à dire fabriquée par les medias et le marketing et dénuée de talent. Dans sa ligne de mire, même si elles ne sont jamais citées, ce sont bien évidemment les émissions de téléréalité du type Star Academy ou Nice People, qui fabriquent des stars à partir d’individus lambda. Mais l’habile scénariste – futur président d’Angoulême 2007 – ne cherche pas à être moralisateur. A partir du schéma global posé dès la première planche (une pilule = un moment de célébrité absolue), il laisse dériver son personnage vers des aventures complètement loufoques et improbables. Ainsi Michel fait-il copain-copain avec un acteur russe psychopathe qui zigouille tout le monde sur son passage. C’est gore, grand-guignolesque et génial.
