L'histoire :
1912, en région parisienne… La demeure de la famille Damboise, de riches industriels, est le théâtre d’une énigmatique affaire : 3 tableaux, apparemment sans réelle valeur, ont été dérobés. L’inspecteur Leblanc, chargé de l’enquête, se met rapidement sur quelques pistes. Il parvient même à retrouver chez un recéleur deux des tableaux. Rien cependant sur le dernier, mais par contre les prénoms des 2 auteurs présumés : Max et Janus. Autre fait troublant dans l’affaire : Leblanc découvre que le majordome de la maisonnée est un ancien bagnard. Pas le temps, néanmoins, de lui poser la moindre question, car le bonhomme prend la poudre d’escampette dès la découverte de son passé. C’est le moment que choisit alors Alma, la sœur aventurière et féministe de l’industriel, pour prendre congés. Dès son départ, tout semble se mettre rapidement en mouvement. D’abord, Max et Janus, les 2 monte-en-l’air, ne tardent pas à lui emboîter le pas. Ensuite, Ducas, le professeur de piano, semble chagriné par ce départ précipité (serait-il le mystérieux auteur des lettres anonymes passionnées adressées à la jeune femme ?). Enfin, Leblanc décide, en compagnie de Séraphine, de mettre le cap sur l’ancestrale demeure familiale en Vendée, à Nonloin. Et comme aime le répéter le chef de famille Simon Damboise : « Nonloin, c’est pas tout près… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour un premier récit en tant qu’auteur complet, Cyril Bonin n’aura pas à rougir de sa prestation. Car si l’on appréciait depuis Fog l’élégance de son coup de crayon, on peut désormais se satisfaire de ses qualités de faiseur d’histoire ou de narration. Enchâssée dans un début de XXe siècle parfaitement ciselé pour l’esthétisme du dessin, l’énigme mise en place dans le premier tome sentait bon l’Arséne Lupin, le Rouletabille ou l’Hercule Poirot : du mystère, de l’étrange, du questionnement, de la déduction, le tout joué sur un air de comédie. Pour autant, il était bien difficile, à la fin de cette première partie, de sortir du brouillard habilement déclenché à coup de fausses pistes, petites découvertes et panel de protagonistes impeccablement choisis. A l’inverse, c’est ici plein soleil sur les révélations. Et sans tarder d’ailleurs : dés les premières planches, notre bon Leblanc nous met sur la piste de l’auteur (qui est loin de nous être inconnu…) du vol des 3 tableaux. La suite n’est que savoureux rebondissements (ah le bon choix des seconds rôles !), chasse au trésor, romances croisées et même petite leçon de sciences et d’arts conjugués (késako qu’une chambre obscure, tiens ?). Si l’opus précédent jouait la carte de l’énigmatique et de l’intriguant, une fois débarrassé d’une partie du mystère, c’est ici l’action teintée de comédie (voire d’humour via les frasques du grand-père, les superstitions de Leblanc…) qui emporte l’intérêt. Bref, un récit parfaitement équilibré, s’interdisant la moindre complexité et serti par des personnages attachants. A nouveau, dès la couverture, le dessin happe l’œil. Bien vite, les personnages à déformations simiesques ou les cous-girafes sont apprivoisés. Et l’on reste béat devant ce graphisme aux teintes sourdes, admirablement cadré, détaillé et grand pourvoyeur d’émotions.