L'histoire :
La plongée sous-marine, Gilla n’en a jamais rien eu à foutre. Alors les sempiternelles soirées resto qui monopolisent le sujet, de simplement pénibles, deviennent insupportables. Son fiancé ne comprend pas : tant pis ! D’ailleurs dans cette petite ville italienne, Gilla ne se sent plus dans son élément. Riccardo, son copain, ainsi que les amis et la fac de médecine, l’ennuient. Aussi, quitte à se sentir étrangère, pourquoi ne pas voyager ? Sa mère, pas vraiment surprise et pas vraiment ravie, lui offre l’opportunité d’aller à Paris : son amie Cicci y possède une « Mansarde » qu’elle veut bien lui prêter. C’est décidé : Gilla s’envole pour la capitale française, avec pour objectif une inscription à des cours de photographies. Arrivée à bon port, elle se sent rapidement très proche de cette « tante » atypique, grande nostalgique de 1968 et de son flot de libertés. Dans ce Paris qu’elle découvre, Gilla fait des rencontres. Il y a les étudiants du cours de photographie, dont l’agaçant (et terriblement sexy) Zink et les nombreux amis de Cicci qui voient en la jeune fille une réminiscence de leur jeunesse. Mais il y a d’autres rencontres bien plus troublantes encore : celles faites au hasard d’un coin de rue ou sur le bord d’un lit. Elle y croise Samuel Beckett, Roberto son premier amoureux, la princesse Lamballe : tous morts et enterrés depuis des années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petit bout de femme docile, au regard triste et si doux qu’on se laisse attendrir dès le premier regard, Gilla se sent grandir, poussée à devenir une adulte et pas bien prête. Pour solution : la fuite, le Paris du « Printemps Noir » d’Henry Miller et une chambre de bonne aux tons sixties. Et puis des fantômes qui s’invitent sans l’effrayer : ceux qui témoignent de sa difficulté à faire le deuil du passé ; ceux qui l’aident à comprendre l’importance de garder intact le souvenir de celle qu’elle a été. Enfin, l’agaçant brun-ténébreux, probable point d’ancrage vers une romance adulte, vers l’avenir… Si l’on devait vous donner une raison de vous laisser tenter par ce trait fluide, teinté de couleur tendre et si féminin, il suffirait de remarquer la poésie, ou plutôt la sensibilité, utilisée pour regarder en arrière : ce derrière soi qui, que l’on ait 20 ou 60 ans, nous donne si facilement parfois des coups bas lorsqu’il s’agit de franchir un cap. Si l’on devait vous mettre en garde, on pointerait du doigt ce ping-pong entre réalité crédible et fiction fantastique pas toujours utile, cette abondance de références historiques et artistiques (welcome to Paris !), cette tendance déprimo-passive de notre héroïne qui fait manquer de rythme au récit. Mais on vous laissera choisir. Et si l’heure s’y prête, vous resterez alors peut-être sous le charme de ce petit bout d’italienne qui permet à Vanna Vinci d’offrir un vrai moment d’intimité.