L'histoire :
Il était une fois un vieil homme qui ruminait sa peine dans un château déserté. Les lieux sont à l’image de cet homme : en ruines et tristes. Il n’a plus goût à rien et semble constamment réfléchir sur son passé. Pourtant, il a une femme magnifique : une haute elfe au cœur pur. Cette dernière, abandonnée par son mari, n’a de cesse de chanter sa peine en espérant trouver le prince charmant. Sa voix enchantée fait venir les esprits du vent à elle, de sorte qu’on appellera ce lieu Wismerhill, la colline des murmures. La triste créature ne se doute pas un seul instant qu’elle va être le jouet d’un jeu immonde et démoniaque. En effet, dans les Enfers, le Seigneur des lieux Lucifer s’ennuie en jouant aux échecs avec le Prince Pazuzu. Les deux monstres ont alors l’idée de se lancer un défi pour pimenter leur existence : chacun devra se trouver un champion sur Terre. Le premier champion qui dominera le monde permettra à son maître de gagner le pari. Pazuzu écume la Terre pour chercher une femme digne d’enfanter son futur champion. Ses pas l’amènent au château isolé du vieillard morne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chroniques d’une légende en bande dessinée, ce retour en arrière sur une série phare de Dargaud en matière de dark-fantasy, élève les épisodes au rang de mythe. A ce titre, le début est convaincant et Froideval présente son récit comme une légende. De plus, le résumé nous fait miroiter des révélations sur le célèbre Wismerhill, le personnage vedette et ambivalent de la série. Pourtant, le lecteur va vite être déçu. L’opus se contente simplement de reprendre des clichés sans guère de nouveauté. Quant aux révélations annoncées, elles sont plus que limitées et tiennent en une seule page, vite expédiée. L’apparition brève du violent Ghor-ghor Bhey est certes sympathique, mais quelque peu inutile. Le reste n’est malheureusement qu’une longue narration déjà vue et sans intérêt. Pire : le langage travaillé et érudit du départ, devient de plus en plus familier et anachronique au fur et à mesure de la bd, comme si Froideval avait voulu se débarrasser rapidement de cette purge… Pourtant, l’idée de départ est excitante, puisque Froideval fait clairement référence aux contes et légendes de l’enfance pour mieux en briser les codes : du registre du conte de fées, on glisse lentement mais sûrement vers un monde violent et sombre, sous l’influence démoniaque de Pazuzu. Une sorte de passation de pouvoir entre le conte enfantin, bousculé par celui de l’heroïc-fantasy. Au dessin, Fabrice Angleraud a la lourde tâche de faire oublier son illustre prédécesseur, Olivier Ledroit (qui a tout de même réalisé la couverture de ce tome). On sent le dessinateur appliqué à respecter le style du maître et la ressemblance est parfois troublante : planches éclatées avec luxe de détails, visages aux yeux perçants… Pourtant, l’ensemble manque de dynamisme et de vie (les visages sont parfois grossiers), la faute également à des couleurs bien criardes. Bref, un éclairage à la série vraiment pas indispensable, qui résonne plus comme un coup marketing que comme une vraie création.