L'histoire :
Lily, une petite fille pleine de vie, vit dans une ferme à la campagne, avec son père et sa belle-mère. Sa maman est décédée, mais son papa ne peut se résoudre à lui dire la vérité. Il préfère la préserver de cette tragédie. Lily pense donc qu'elle est partie faire le tour du monde, et qu'elle reviendra, un jour ou l'autre. Ce jour-là, Lily donne à manger aux poules et chantonne : « Promenons-nous dans les bois l'épouvantail n'y est pas, s'il y était il nous effraierait ! ». Mais sa belle-mère sort en colère, en lui demandant ce qu'elle fabrique ! Elle vient de crotter ses nouvelles chaussures ! Lily crie : ce n'est pas sa mère ! Elle part en courant, contrariée, en disant qu'elle va voir l'épouvantail dans le champ, car lui, au moins, il l'écoute et il ne parle pas, donc il ne dit pas de gros mots ! Alors que Lily part retrouver son ami de paille, le père de famille reçoit la visite de la gendarmerie. Ils veulent approfondir certains points, suite à un accident qui s'est produit tout près il y a quelques jours, et dont il a été témoin. Le père réexplique ce qu'il a vécu. Il était sept heures du matin, lorsqu'il s'est aperçu que ses chèvres s'étaient échappées dans le bois, près de l'étang. Il n'aime pas y aller, mais il n'a pas le choix. Lorsqu'il était dans le bois, il a entendu un grand bruit, un choc. Il a compris qu'il se passait quelque chose près de l'étang. En arrivant, il a découvert une voiture dans l'eau et il a sauvé le passager. Hélas, il n'a pu sauver la conductrice, il savait que c'était fini pour elle. En attendant les secours, pour ne pas rester près de l'étang, ils se sont dirigés vers le champ de l'épouvantail...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Philippe Pelaez collabore ici avec Stéphane Sénégas pour ce one-shot à destination du public adulte. Le titre et la couverture donnent le ton : le récit s'annonce sombre, fantastique. Sénégas s'éloigne de l'univers jeunesse sans texte et léger pour lequel nous le connaissons (Anuki !), pour proposer un dessin en noir et blanc, angoissant, effrayant et en même temps prenant ! La petite Lily et son père ont des traits qui nous permettent d'identifier la patte du dessinateur. Le dessin est minutieux, hachuré, et l'on sent la tension monter. La petite Lily sympathise avec un épouvantail, qui va commencer à lui parler (en disant de nombreux gros mots) ; tandis qu'en parallèle, la gendarmerie enquête sur un accident de voiture qui a provoqué la mort d'une femme dans l'étang en bas du champ où se trouve l'épouvantail. Les cauchemars, le fantastique et la réalité se confondent : que se passe-t-il ? Philippe Pelaez nous saisit dès les premières pages. Nous sommes intrigués, terrifiés, mais nous sommes obligés de poursuivre la lecture. Nous ressentons l'angoisse et la peur en tournant les pages, ce qui est d'ordinaire complexe à mettre en place, notamment pour le public adulte. Ce changement de registre fonctionne pour les auteurs, qui croisent différents destins de personnages autour d'une enquête policière, dans une campagne isolée.