L'histoire :
A New-York, en 1887, la journaliste Nellie Bly se fait interner dans un asile psychiatrique pour femmes. Elle veut mener un reportage de l'intérieur pour dénoncer les conditions d'enfermement et de traitement. De son vrai nom Elizabeth Jane Cochran, Nellie Bly y passera dix jours. A sa sortie, comme il n'est pas convenable pour une femme d'écrire de son vrai nom, elle prend un pseudonyme et devient très célèbre. Mais il faut entretenir le succès. Son éditeur et le directeur commercial lui demandent quels sont ses projets à venir, pour continuer de surfer sur la vague. Elizabeth leur tend le livre Le tour du monde en 80 jours et annonce qu'elle souhaite battre le record établi par Phileas Fogg. Ses interlocuteurs manquent de s'étouffer : parle-t-elle réellement du héros du roman de Jules Verne ? Elle confirme. Elle a mené son enquête et, avec les moyens de transports de l'époque, elle sait comment le battre. Elle est persuadée qu'elle a besoin de moins de 80 jours pour effectuer un tour du monde. Forcément, les hommes lui rétorquent que c'est impossible ! Et puis, une femme a besoin d'un protecteur, or elle ne parle pas d'autre langue que l'anglais... Seul un homme peut tenter pareil exploit ! Outrée, elle claque la porte et décide de trouver un autre journal qui accepte de l'accompagner et de la financer : le New York World. La jeune femme se lance alors dans ce long périple, qui sera semé d'embûches. Attiré par l'argent et par l'engouement du public pour le parcours de Nellie Bly, un autre journal décide alors de missionner une autre femme journaliste, Elizabeth Bisland, pour rivaliser avec Nellie Bly et arriver avant elle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le personnage de Nellie Bly se démocratise. Son nom devient de plus en plus célèbre, elle est réhabilitée. La plupart du temps, on focalise sur son reportage en tant que femme journaliste infiltrée dans un asile de femmes. Pourtant, elle a accompli bien d'autres exploits, notamment celui qui nous est relaté dans cette BD de Julie Rocheleau et Voloj. La journaliste s'est en effet lancée le défi de battre le tour du monde en 80 jours réalisé par Phileas Fogg. Elle a calculé qu'avec les moyens de transport de l'époque, cela était faisable. Elle se lance dans ce périple, sans savoir qu'à ses trousses, une autre journaliste tente d'arriver avant elle ! Une course folle aux quatre coins du monde, faites de contretemps et d'aléas. Qui remportera le pari fou d'arriver en premier et de battre le record de Phileas Fogg ? Tout au long du récit, les auteurs alternent les points de vue. Nous sommes à la fois avec Nellie Bly et à la fois avec Elizabeth Bisland. Elles ne font pas les mêmes choix de routes ou de transports, et le suspens est à son comble jusqu'à la fin. Ce tour du monde permet à la dessinatrice d'explorer différentes cultures, différents pays à travers son dessin. Au fil des pages, le lecteur voyage. Son style graphique est similaire à ses précédents albums : elle utilise une palette de couleurs identifiable, qui modifie les ambiances. La bande dessinée permet aussi de réfléchir à la condition féminine de l'époque, avec des protagonistes qui ne se laissent pas marcher sur les pieds, et qui font le choix de ne pas rentrer dans le moule. Cet album rythmé nous fait découvrir l'histoire oubliée mais pourtant passionnante, de deux femmes journalistes qui se sont lancé un défi fou !