L'histoire :
1925, aux abords de Hesslingen en Basse-Saxe, un jeune coureur automobile, Hans Stuck von Villiez rencontre à l’occasion d’une partie chasse un ami d’enfance. Ce dernier lui présente son patron, qui est un de ses fervents admirateurs : un petit homme moustachu à grande mèche et arborant sur le col un petite insigne avec en son centre une drôle de petite croix. 8 ans ont passé et l’amateur de bolide a pris le pouvoir. L’Allemagne se couvre de drapeaux à croix gammées et le führer se fait un devoir de rendre à sa patrie son honneur et sa fierté : la course automobile semble pouvoir en être l’un des artisans. Hitler avait d’ailleurs promis, lors de leur rencontre, que s’il parvenait au pouvoir, il offrirait à Stuck une auto de course allemande compétitive. Aussi, multiplie t-il les rencontres avec les constructeurs, mettant en compétition Mercedes et Porsche. Les deux sont bons. Aussi l’Allemagne aura deux équipes en compétition. Le 2 juin 1934, les essais du Grand Prix de l’Eifel donnent l’occasion de tester les talents de chacun. Mais chez Mercedes, on se heurte rapidement au problème du règlement : la voiture est trop lourde de 4 kilos. Que faire ? Le patron de l’équipe a cependant une idée géniale qui donnera naissance aux fameuses « Flèches d’Argent »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Années 30, sport automobile et soubresauts de l’Histoire scellent cette toute nouvelle série de Marvano, aux odeurs d’huile de moteurs et aux couleurs de docu-fiction. Renseigné comme un moteur de recherche, le scénariste-dessinateur se livre en effet ici, à un exercice précis et minutieux de reconstitution. En vedette : le sport mécanique à l’heure de ses balbutiements et de ses têtes brulées. Pour contexte : une Allemagne revancharde en quête de reconstruction et la montée du nazisme sous la férule d’un petit caporal moustachu… L’idée d’entrelacer ces deux ingrédients est plutôt judicieuse, pour éviter la leçon d’Histoire ou ne passionner que les amoureux des belles cylindrées. De fait, les mécanismes de la propagande hitlérienne mis en lumière sous l’angle de la compétition automobile s’enclenchent parfaitement. Et l’on sent, d’ailleurs, que le potentiel dramatique mis en place pourrait faire mouche très facilement. Cependant tout cela a beaucoup de mal à se mettre en place : le balancement entre événements historiques (lâchés souvent un peu brutalement sans véritable description), fiction, sport-auto, trouvent encore difficilement leur rythme, leur équilibre. La profusion des protagonistes ne permet à aucun moment de se détacher pour nous accaparer ou lier l’ensemble. De même, l’absence d’une véritable intrigue captivante (pour le moment) freine un peu notre engouement pour le récit. Du coup, et pour la plus grande surprise des non passionnés, c’est du coté de la course elle-même, de ses bolides, de ses rebondissements, qu’on prend notre pied. D’ailleurs la virtuosité du dessin de Marvano (et de son excellente colorisation) y est pour beaucoup : la lisibilité des planches est un exemple ; la précision du trait un régal et une excellente manière de donner envie de s’intéresser de plus prêt à ses pionniers des Grand Prix.