L'histoire :
Allemagne, 1935… Les actualités cinématographiques ventent la popularité du Reichskanzler Adolf Hitler, à grand renfort de bains de foule filmés minutieusement. Le dictateur semble avoir rendu sa confiance au peuple, utilisant la propagande comme un atout. La 100e traversée de l’atlantique par le dirigeable Graf Zeppelin ou l’aller-retour entre l’Allemagne et l’Asie en 13 heures par l’aviatrice Elly Beihorn, en sont quelques fers de lances. Il y a également la course automobile, dont Adolf Hühnlein, le NSKK-Korpsführer, a la charge. Un secteur qu’Hitler sait porteur de popularité, mais qui compte dans ses pilotes engagés en Grand Prix quelques têtes brulées, dont Bernd Rosemeyer. Le fougueux coureur, pour l’heure second couteau chez Auto Union, s’est fait remarquer dès 1933 pour avoir commis des délits de lèse-führer, qui l’ont conduit à séjourner quelques heures en prison. Au grand prix de l’Eifel, pourtant, le voilà qui prend du galon en terminant 2e derrière le grand maître Rudi Caracciola, alors qu’il ne participe qu’à son 2e Grand Prix. Et ce n’est qu’un début…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Retour sur l’asphalte et nouvelle immersion historique au cœur des années 30, pour un 2e Grand prix ayant pour fil conducteur l’ascension de Bernd Rosemeyer, l’un des pilotes vedettes des années 30. Toujours animé par un découpage peu frileux de la multiplication des protagonistes, sous-intrigues et interventions récurrentes de repères historiques marquants (découvertes, records, faits socio-politiques révélateurs du contexte et de la suite des événements…), le récit poursuit l’évocation de la montée du nazisme en Allemagne et en Europe. Outil de propagande ô combien efficace du régime hitlérien, à quelques encablures de la seconde guerre mondiale, c’est la compétition sportive automobile et ses têtes brulées allemandes qui scelle l’ensemble dans un jeu de va et vient permanent entre documentaire historique et fiction. L’absence d’une réelle et épaisse intrigue, corsetant le tout, est à nouveau le petit caillou dans la chaussure, qui limite l’emballement (on pourrait, en terme de caillou, évoquer aussi l’abus de dialogues en VO allemande, pas forcément justifiée). Il y a certes quelques balbutiements du genre espionnage qui montrent le bout du nez (quel rôle joue Leslie Toliver par exemple ?), mais rien de suffisamment clair pour endosser la mission à velléité romanesque ou aventureuse attendue. Pour autant, on sympathise bien plus que précédemment avec la petite équipe de personnages dont les romances croisées, les rivalités sportives et les petites propensions réfractaires au régime, accaparent plutôt habilement l’attention. Autre atout indéniable pour garder le contact : un dessin toujours aussi flamboyant, précis, harmonieux, d’une ligne claire élégante, sublimée par la colorisation d’une absolue lisibilité. A confier peut-être avant tout aux passionnés de sport auto, option vieilles carrosseries.