L'histoire :
David, Petra et Zoé répètent une scène du Monde de Narnia devant leurs camarades de 5ème, sous l’œil exigeant de leur professeur, qui insiste sur l’importance de la gravité et de l’engagement. David, en particulier, peine à se sentir à l’aise dans son rôle d’Aslan, et les rires de ses camarades le rendent encore plus hésitant. La cloche sonne, marquant la fin des cours. David quitte le collège et monte dans le bus avec sa sœur, préférant rester seul sur son siège. À la maison, autour d’un plat de spaghettis bolognaises, ses parents évoquent leurs souvenirs de Narnia, mais lui reste distant, absorbé par ses pensées et plus préoccupé par le tabasco qu’il ajoute à ses pâtes. Lorsqu’il tente d’échapper à la corvée de vaisselle, son père le rappelle à l’ordre, et il s’exécute à contrecœur, se demandant pourquoi ils n’ont pas encore investi dans un lave-vaisselle. Dans la soirée, sa sœur joue avec son hamster Hammy pendant que David retrouve Josh pour une partie de jeux vidéo. Le temps file, et neuf heures sonnent déjà : Josh doit rentrer chez lui, laissant David seul dans sa chambre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jon McNaught signe ici un récit d’une grande finesse sur cette période charnière qu’est l’adolescence. Le découpage du récit en chapitres – Une puissante magie, Le Destroyeur, Le Rugissement du Lion, Une pluie d’étoiles, Relève-toi – s'inscrit entre le réel et l’imaginaire. À travers le regard de David, un collégien en fin de 5ème, l’auteur explore les questionnements et les hésitations propres à cet âge où l’enfance s’efface peu à peu, irrémédiablement. Son rôle d’Aslan dans la pièce Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique devient un symbole puissant : en apprenant à rugir, David apprend à grandir. La confection minutieuse de son masque de lion, à partir d’un tuto YouTube, illustre cette métamorphose intime qu’il vit, bien qu’il peine encore à assumer cette phase de transition. Dans un quotidien marqué par des petits riens, le récit capture avec délicatesse l’évolution d’un jeune garçon confronté aux premiers bouleversements de l’adolescence : le besoin d’indépendance, les premières bières, les premiers émois, mais aussi l’importance des jeux vidéo et de la musique dans la construction de soi. David intériorise beaucoup, observe, expérimente, se confronte au regard des autres. Ses tentatives d’affirmation sont souvent maladroites, comme lorsqu’il est moqué par ses camarades ou lorsqu’il esquive certaines obligations du quotidien, comme la vaisselle. Le dessin, d’une grande douceur, accentue cette atmosphère contemplative. Avec ses teintes pastel – bleu, orange, rose poudré – et ses formes arrondies, McNaught insuffle une sensation de flottement, entre réalité et rêverie. Loin de tout spectaculaire, l’auteur capte l’essence même de cet âge de transition, où tout change imperceptiblement.