L'histoire :
Dans un avenir proche, la crise financière mondiale est sanglante. Les grandes sociétés licencient par centaines de millions, les bourses du monde entier atteignent leur plus faibles cotations historiques et des manifestations réprimées dans la violence engendrent des morts par millier. Dans ce contexte ultra morose, une seule valeur connait une expansion à la hausse : le HSE, pour « Human Stock Exchange ». Inventé par Simon Sax, ce système de cotations propose de miser sur le potentiel de réussite de n'importe quel être humain qui soit un minimum brillant dans sa spécialité. Sportifs de haut niveau, PDG, chirurgiens, musiciens... même un simple vendeur de voitures comme Alex Fos, qui officie sur visio mails, peut être introduit sur ce marché. Encouragé par le train de vie de millionnaire que mène son beau-frère Jonas, Alex s'intéresse de près à la chose. Mais pour prétendre au HSE, il faut réunir un certains nombres de critères sur son patrimoine, son évolution hiérarchique, sa santé et notamment avoir un taux de cholestérol bas. Alex est un bon vendeur, il aime les challenges et il aimerait offrir un vie meilleure à sa femme Rachel, qui tient une petite librairie de quartier (un anachronisme à cette époque !). Il se lance donc dans un régime et postule pour entrer sur le HSE...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un contexte de proche anticipation extrapolé de notre actuel marasme financier, le HSE – pour « Human Stock Exchange » – consiste à introduire les êtres humains en bourse,. Cette idée de départ, qui fait pourtant a priori froid dans le dos, est foncièrement géniale. Ce qui effraie le plus, c'est qu'à travers le scénario de Xavier Dorison, ses contingences semblent surtout incroyablement crédibles. Du reste, les cotations sur les êtres humains existent déjà aujourd'hui, au travers, par exemple, du marché des joueurs de foot. Dorison a foncièrement bien bâti les détails de son thriller psychologique. Tous les paramètres qui composent une vie de « gagnant » sont brassés au travers de la démarche du héros : volonté, santé, job, origines et empathie sociales... On voit certes que le scénariste nous emmène sur le chemin du pacte faustien, non dépourvu d'un certain manichéisme (Alex signe son nouveau statut de son empreinte digitale, sans lire les détails de son contrat). Mais cela est particulièrement bien amené, rythmé et surtout novateur sur le plan des idées. Le récit s'appuie sur le dessin finement exécuté de Thomas Allart. Évoluant entre le réaliste et le semi-réaliste, son trait se montre parfaitement à l'aise avec une partition peu facile, car peu propice aux effets spectaculaires. Un conseil boursier pour terminer : le Dorison est une valeur sûre sur le marché du 9ème art, investissez !