L'histoire :
Paris, Boulevard des Italiens, avril 1832. George Sand retrouve Jules Sandeau pour lui faire part de son envie d'écrire un roman. Il s'appellera « Indiana » et racontera l'histoire d'une jeune femme coincée dans un mariage malheureux, flanquée d'un vieil époux inculte, rigide et violent qui la maltraite et qui tue son chien. Pour le jeune homme, il s'agit en filigrane, d'une critique virulente du mariage. George Sand lui rétorque qu'elle n'a rien contre l'institution que représente le mariage... bien au contraire. Elle veut se battre contre l'oppression dont les femmes sont victimes. Dans la foulée, la jeune romancière informe son interlocuteur qu'elle désire signer ses textes sous un autre nom. Qui achèterait un livre écrit par une femme ? Elle demande à son ami de prendre son nom écourté. Ce sera Sand... soit Sandeau coupé en deux. Et George, qui signifie « celui qui travaille la terre » dans son Berry natal. George Sand est née ! Au fond d'un petit castel de la Brie, le colonel Delmare passe la soirée avec son épouse Indiana, âgée de 19 ans, et Ralph, le cousin et ami d'enfance d'Indiana. L'ambiance est froide. Tout ce beau monde est interrompu par Lelièvre, le gardien des lieux : des voleurs de charbon s'introduisent la nuit dans le parc. Le colonel prend son fusil pour montrer de quel bois il se chauffe !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Indiana est le premier roman de George Sand, femme écrivaine considérée comme l'une des pionnières de la littérature féminine. Avant elle, peu d'autrices étaient parvenues à percer dans le monde littéraire, profondément masculin. C'est donc un roman fondateur pour celle (mariée) qui joue des coudes, s'accoutre comme un homme et porte un patronyme masculin. Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, par mariage baronne Dudevant, était George Sand. Mais revenons à nos moutons. Indiana, c'est à l'image de sa créatrice, une femme éprise de liberté, engoncée dans une union sans grand intérêt. Ce roman n'est pas le plus connu de l'autrice de la Petite Fadette et de la Mare au diable. Mais on devine déjà la verve féministe de l'autrice. Habituées aux portraits de femmes, Catel et Claire Bouilhac s'en emparent en préservant l'esprit du texte original et en mettant l'accent sur cette étude de mœurs où les femmes sont opprimées, réduites à un rôle de faire-valoir. Indiana est une femme libre et elle n'hésite pas, à l'instar de sa narratrice, à prendre le taureau par les cornes et à vivre pleinement sa vie de femme, libre et libérée. Le duo d'autrices, comme à son habitude, dessine et conte l'histoire à quatre mains, offrant une lecture captivante et déroutante de cette histoire d'amour insensée qui déjoue les conventions et montre que la liberté d'aimer finit toujours par triompher. Indiana résonne par sa modernité et sa fureur de vivre le désir jusqu'au bout.