L'histoire :
A la fin du mois de janvier, sur une plage, Catherine Meurisse est en miettes. Elle doit faire des efforts pour imaginer qu’elle est vivante, qu’elle sur la planète Terre… Quelques semaines plus tôt, le 7 janvier, elle traîne au lit, pense à ses amours compliquées avec un homme marié, qui ne veut pas quitter sa femme, imagine des scénarios dans lesquels il serait malade, mourant, etc. Elle se lève trop tard, rate son bus, est très en retard à la conférence de rédaction. Alors qu’elle arrive à pieds, réfléchissant à tout ce qu’elle doit faire au journal, elle croise son collègue Luz, qui l’informe qu’elle ne peut pas monter à la conférence de rédac, qu’il y a une prise d’otages à Charlie. Ils cherchent un abri chez des voisins de bureau, mais ils entendent alors des rafales de mitraillettes. On le sait, ce n’était pas une prise d’otage, c’était une tuerie, ils le découvrent alors. Nombre des amis de Catherine sont morts. Ses héros, ses modèles, son mentor sont disparus. Elle va devoir se reconstruire. Mais comment ? Et surtout pourquoi ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme Luz avant elle avec Catharsis, Catherine Meurisse essaie elle aussi d’évacuer l’horreur du 7 janvier à travers La légèreté. Ici, la dessinatrice nous livre sa convalescence, intellectuelle, émotionnelle, sentimentale. Vide, sans plus d’humour, d’amour, les premiers jours sont un cauchemar. Elle ne parvient plus à écrire, à dessiner, à réfléchir, à rire. Son métier, s’énerver pour faire rire et réfléchir, lui demande des efforts incroyables. Puis elle recommence à vivre. Mal, mais elle essaie. Elle nous livre avec pudeur et malice son amour et son admiration de petite fille pour des monuments qui ont bercé sa jeunesse et qu’elle a côtoyés en temps qu’égale. Elle raconte comment la confrontation avec la beauté, celle d’une ville millénaire, une ville d’arts, l’a aidé à reprendre goût à la vie et au dessin. La villa Médicis de Rome lui a ouvert ses murs et ses jardins pendant plusieurs semaines pour l’aider à se reconstruire, à retrouver goût à la vie, au travail. Son trait clair et appuyé, décidé, son dessin rapide et efficace, dans un noir et blanc violent sont aussi efficaces pour nous ouvrir son cœur et son cerveau que pour nous faire rire ou nous indigner au quotidien. Elle décortique son mal et sa guérison. On l’accompagne dans cette aventure avec d’autant plus d’enthousiasme qu’on a tous vécu ces moments de doute et de renoncement, de questionnement après cette tuerie aussi barbare qu’absurde. On a l’impression d’être avec une amie, de partager quelque chose de fort le temps de ces pages qui font du bien, en espérant qu’elles en auront fait aussi à leur auteure.