L'histoire :
Cette nouvelle colloc’ à trois semble sonner comme un nouveau départ pour Violette, Hélène et Lila : chacune semblait être arrivée au bout de quelque chose, sans trop savoir comment accrocher le prochain wagon. Aussi, Violette a-t-elle décidé de reprendre la Fac. Hélène s’est-elle éloignée de Vincent pour bosser sa thèse sans risquer de faire imploser leur couple. Et Lila espère reconstruire avec ses nouvelles colocataires un nouveau réseau d’amitiés. Et pour sceller ce renouveau, Violette et Hélène ont fait une jolie surprise à leur nouvelle amie en allumant 24 bougies sur un beau gâteau et en faisant jaillir des bulles à gogo. Lila en est particulièrement émue, qui plus est lorsqu’on lui tend une jolie paire de boucles d’oreille en cadeau de ce jour particulier. Et puisque c’est fête, pas question de rester cloitrer dans l’appartement ! On se maquille (même Hélène !), on se bichonne, on échange les vêtements, bien déterminé à faire tomber dans son giron un mâle de compét’… ou deux. Mais avant de partir, Hélène n’a qu’une idée en tête : appeler son Vincent et pourquoi pas le rejoindre une fois ses chasseuses de copines rassasiées. Pendant qu’elle est au téléphone, Violette et Lila ont déjà fait deux sacrés touches. Dommage ! L’un est un coureur de jupon marié et l’autre est un gros, mais très gros con…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, la petite couv’ à la Mondrian nous fait une belle œillade. Un peu comme les paquets cadeaux avec un beau ruban ou les sucres tirés en dentelle sur les gros gâteaux : ça donne envie ! Quelques planches plus tard, la justesse des cadrages, la lisibilité des émotions, le joli travail des masses de noirs ou la sobriété des effets, ajustent avec brio le harpon pour une accroche immédiate à ce trio de nanas… Leurs trajectoires distinctes nous avaient été brillamment servies dans une première partie à mi-chemin entre tranches de vies adulescentes, abrégé de sociologie et dissection de l’estime de soi. Toujours usant de ces angles d’attaques, le récit se voudra cette fois un poil plus linéaire, en offrant à Violette, Hélène et L(e)ïla les joies de la collocation. Pour autant, Merwan continue principalement de tirer la bobine de fil de chacune, tout en construisant habilement, par petites touches, la physionomie relationnelle du trio. Véritable coup de balai dans le Désordre mis sous la loupe du premier opus de la trilogie, ce triple nouveau départ sera-t-il réellement aussi idyllique qu’imaginé ? Bouffées euphorisantes pourraient bien en effet tutoyer marquage de Territoire et vieux démons. Pour vous convaincre, il suffit d’ailleurs d’abandonner votre œil sur la couverture : le regard et la posture de chacune en disent long… Parfaitement compatible (ou banal diront les grincheux…) avec nos propres morceaux d’existence, l’ensemble tire sa force de sa capacité à nous entrainer à la suite de ce trio attachants, pour se frotter à ses aspérités. Merwan sait indéniablement y faire pour donner l’irrésistible envie de savoir comment les choses vont tourner. Les dialogues sonnent incroyablement justes, le tempo est soigné, des petites balises propices à de futurs rebondissements sont joliment semées, les filles et leurs faiblesses ont un charme à croquer, le dessin joue les écrins luxueux… Bref, difficile de ne pas se laisser consumer par ce Bel âge là, qui plus est si l’on s’était laissé agréablement faire par la première gorgée.