L'histoire :
La bande d'amis des Mitaines doit partir en stage d'été, chacun dans différentes entreprises. Arthur l'ours et Kitsa la renarde sont embauchés chez un couple de blaireaux âgés, l'un apiculteur, l'autre horticulteur, les Lupin. Péla la souris va faire des gâteaux chez la maman d'Arthur. Gonzague l'escargot va apprendre les rudiments du métier de facteur en compagnie de Ook le chimpanzé zen. Enfin, Willo la luciole va s'occuper des archives de la ville aux côtés de Mr Pierret le vieux loup qui fait un peu peur. Arthur arrive en retard chez les Lupin, au moment où leur banquier vient leur réclamer sa dette pour la énième fois. Aglaë Lupin explique que s'ils sont aussi endettés, c'est à cause de Michel Édouard Ronfeu, le puissant propriétaire de la chaîne de supermarchés. Jadis, il a été leur plus gros client, au point d'acheter l'intégralité de leur production de miel. A force de les pousser à la productivité, les Lupin ont dû investir dans de plus gros équipements. Investir donc s'endetter... Et c'est après cela que Ronfeu a subitement réduit son prix d'achat du miel. Ils sont aujourd'hui acculés et ne trouvent pas de solution. Ce problème émeut fortement Kitsa, mais beaucoup moins Arthur dont l'égoïsme commence à agacer tout le monde. Il sera pourtant un des rouages essentiels de la solution d'endettement des Lupin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le temps des mitaines, c'est un peu de la BD jeunesse qu'on fait lire aux enfants pour les propulser façon karcher dans l'âge adulte. En effet, le joli dessin de Anne Montel est tout doux, tout coloré à grands renforts de pastel au lavis, avec des personnages zoomorphiques aux mines et aux intentions bienveillantes... et néanmoins le fond du scénario signé Loïc Clément est riche en enseignements sociaux, économiques et relationnels. Jugez-en par vous-même : dans ce second volet aujourd'hui réédité par Dargaud après une première vie en 2016 (chez Didier Jeunesse), nos cinq jeunes amis (luciole, souris, ours, renarde et escargot) doivent effectuer leur stage en entreprise. Ils soulèvent alors chacun une problématique précise du monde du travail : la sale mentalité tire-au-flanc pour l'un, l'incompétence pour l'autre, a contrario la vocation parfaite pour la troisième, ou encore la minutie, la solidarité, l'économie participative, l'accès à des infos sensibles qui incitent à la trahison du secret professionnel... Sans oublier, en tâche de fond, l'horrible mécanique du libéralisme sauvage, via lequel une grande distribution machiavélique s'arrange pour essorer et absorber un petit producteur à ses dépends. N'en déplaise à l'excellente intention didactique, les plus jeunes auront bien du mal à suivre cet aréopage complexe d'acteurs, d'intentions et de mécanismes sociaux ; même les moins jeunes auront tout à gagner du décryptage parental face à ces problématiques adultes.